Vous êtes vous déjà lavé les cheveux avec de l'eau en bouteille?
Elle est là!
Enfin la voilà, l'Inde. Je la vois, je la sens, je l'entends. Plus qu'un petit pont qui me sépare d'elle, et je vais changer d'univers. Après un an en Asie du Sud Est, je vais passer au Sous Continent Indien. Il va falloir tout réapprendre, les langues bien sûr, mais aussi les regards, les gestes, les codes de conduites.
Déjà le Myanmar était un peu différent.
Je suis tout excité!
Cela fait plusieurs mois que j'attendais de pouvoir passer en Inde.
Le Tibet est fermé et la frontière Thaïlande/Myanmar l'était jusquen Septembre. En Novembre, une ligne de bus devait s'ouvrir entre le Myanmar et l'Inde. L'Inde devenait de nouveau accessible par la terre, et plus seulement par la mer (les iles Andaman étant le seul port de désembarquation en Inde).
En route!
J'entre donc au Myanmar, venant de Thaïlande, le vendredi 8 novembre au matin. L'ouverture de la frontière est tellement récente que le douanier, encore peu habitué à voir passer des visages pâles, écrit "Walk" à côté du tampon de sortie de Thaïlande. Du côté Myanmar, les douaniers parlent un peu anglais, première surprise. Deuxième surprise : "non, il n'est pas possible d'aller à Yangon aujourd'hui", sans plus d'explications.
Une fois passé le poste frontière, on entre immédiatement au centre ville de Myawady. Très vite, je rencontre deux couples, Steffen et Patrizia, et Marly et Anna. Ils retournent à l'hôtel le moins cher qu'ils ont trouvé, 4$/n/p. Comme il est dit partout sur internet que les hôtels au Myanmar sont très chers (min 10$), je me joins à leur groupe. Eux non plus ne savent pas pourquoi il n'est pas possible d'aller à Yangon aujourd'hui, il semblerait que la route fonctionne à sens unique...
A la recherche de bons plats et de nos tickets de bus pour le lendemain, on se fait happer par une procession religieuse en folie. On danse sur des musiques peu catholiques et on nous offre des bières. Cela me renvoie quelques mois en arrière, en Thaïlande, quand Philippe et moi avions été invités de la même manière pour célébrer l'entrée d'un moine, dans des ordres monastiques.
Le lendemain, notre bus part à 8h30. A 10h, on comprend le "sens unique". Il est évident que les voitures ne peuvent pas se croiser et qu'il est nécessaire d'avoir un seul sens de circulation par jour. La route est étroite, voir trés étroite, et par endroit, elle ne mérite même pas le nom de piste tellement elle est mauvaise. On comprend aussi pourquoi il faut 14h de bus pour faire 250km. Heureusement, après le dîner, à 20h, la route devient bonne et on peut dormir jusqu'à Yangon.
Seul, je n'aurais pas oublié mon bâton dans la soute du bus. Seul, je serais resté dormir près de la station de bus. Seul, je n'aurais pas perdu 30$... mais voilà, en groupe, on agit différement, et je ne regrette rien, car je m'entendais super bien avec mes quatres nouveaux amis.
Quand on arrive, on prend un taxi pour aller en centre ville (il n'y a plus de bus à 1h du mat), on tourne et vire à la recherche d'une guesthouse qui a de la place. Les prix aussi sont astronomiques, tout a doublé en un an en comparaison de ce qu'annonce le Lonely Planet. Par chance, on finit par trouver Mahabandoula Guesthouse, qui a encore de la place et qui offre des prix défiant toute concurrence, 6$/n/p et même 4$ en dortoir (dans un débarras à l'étage). Du coup, ayant trouvé ma planque, j'y reste 10j, jusqu'à l'arrivée de mon frangin.
Mon premier jour à Yangon, commence bien puisque en appelant la compagnie de bus et en retournant à la gare routière, je peux récupérer mon bâton. Par contre, l'après-midi, sur les conseils du Lonely Planet, on a tous perdu de l'argent bêtement. En effet, le guide est complètement en retard. D'après lui, il n'y a pas de distributeurs de billets... il y en a partout, et pas qu'à Yangon. On est donc tous venus avec nos billets de dollars "non froissés", alors qu'en fait, aujourd'hui, les banques acceptent les pliures et les petites taches sans problème, et aussi d'autres monnaies comme l'euro. Enfin et surtout, le guide déconseille d'échanger dans les banques mais de préférer le marché noir qui offre un meilleur taux et qui profite aux locaux et non au gouvernement. Oui, sauf que pour offrir des distributeurs, pour accépter visa et mastercard, pour accepter plus de devises, le gouvernement a tué le marché noir. Il ne reste que des filoux. On a pourtant tout compté deux fois, on a essayé d'être vigilant tout le temps, mais ils sont forts, très forts, on payé très cher leur tour de magie. On a perdu 30%. Moi ce n'est pas trop grave, je n'avais investi que 100$ mais les autres on beaucoup plus perdu.
Les jours suivants, à Yangon, une fois mes amis partis, et en attendant mon frère Thyl, c'est mission "choses à faire et renseignements"... Je fais ma demande de visa indien, elle coûte 65$ et prend une semaine. J'écris mon carnet de route et l'article précédent de mon blog, je trie mes photos, j'écris des cartes postale. Enfin, je me rends aux ambassades suivantes : Pakistan, Sri Lanka et France. Le Pakistan est la prochaine galère, mais pour l'instant, je me focalise sur l'Inde.
Apparement, la ligne de bus n'est pas pour tout de suite, en revanche, bonne nouvelle, il n'y a plus besoin de permis pour traverser les régions frontalières, ni au Myanmar, ni en Inde. A moi donc de trouver comment me rendre jusqu'à Tamu, la ville frontalière du Myanmar, et ensuite de l'autre côté, et bien, on verra bien ensuite. L'ambassade me délivre un visa de 6 mois triple entrées, j'ai donc presque eu ce que je désirais (le graal : 6 mois multi-entrées).
Comme ce visa est un peu particulier, il démarre dès lors qu'il est délivré, et non pas dès l'entrée dans le pays, j'en perds donc un mois pendant mon séjour au Myanmar.
Le même jour, j'ai la confirmation que mes parents viennent me rejoindre en Inde pour Noël, et, mon frère me suivra jusqu'à fin Janvier. Quel bonheur, tout semble aller pour le mieux.
Je profite de mon temps à Yangon pour découvrir la ville, comme toujours, à pied. Elle est plutôt silencieuse pour une ville d'Asie. On remarque tout de suite l'absence de motos. Il y a peu, elles étaient interdites dans les rues de la ville. C'est une ville pleine d'énergie. Il est évident que les capitaux chinois et plus récement thaï sont à l'oeuvre, elle est en plein essor. Cependant, ce foisonement d'activité ne dure que la journée, ça commence même assez tard pour l'Asie, vers 8h, et tout est fini à 22h.
Les Birmans sont gentils, très accueillants, et plus souriants encore que les thaï. Ou plutôt disons qu'ils sont plus francs, le sourire est offert, ce n'est pas qu'une facade de convenance. Cette franchise va de pair avec leur honnèteté. J'ai oublié le principe de demander les prix avant. En dehors des hotels (gouvernement) et des marchés pour touristes (ou il faut marchander), il n'y a pas de "prix pour Blancs" ici.
Cela m'a d'ailleurs vallu, le premier jour, de me ridiculiser en public pour 10c de $. Le prix d'un bus, pour un même trajet, ayant doublé entre l'aller et le retour, j'en ai fait la remarque et j'ai demandé à payer le même prix que tout le monde, c'est à dire, d'après ma logique, "le même qu'à l'aller". Il s'avère que chaque bus est indépendant, même s'ils appartiennent à la même ligne de bus. Ils sont libres de fixer leur prix. Bref, c'est la loterie quand tu montes dans un bus, mais tout le monde paye la même chose.
Là ou ce n'est pas vrai, c'est quand il s'agit du gouvernement. Alors là, les occidentaux, préparez vous à sortir la liasse!
Le gouvernement n'attribue des licences de guesthouse/hotel qu'au compte gouttes, ce qui crèe un monopole et fait donc flamber les prix. Je n'en suis pas certain, mais j'ai cru comprendre que le gouvernement allait plus loin en soufflant les prix à l'oreille des tenanciers (via une collecte de taxes peut être...). Les birmans peuvent dormir dans des guesthouse sans licence pour 7 fois moins cher (comme dans le reste de l'Asie). De la même manière, pour visiter les sites touristiques, il faut payer, et cher : 8$ pour la pagode Shwedagon de Yangon, 10$ pour se ballader au lac Inle, 15$ pour vivre à Bagan...
A Yangon, j'ai rencontré un japonnais, Hiroki, qui m'a invité à manger des sushis. C'est délicieux, et j'adore le wasabi. Il m'a aussi emmené dans un bar, avec une vue extraordinaire sur la ville et la Pagode Shwedagon.
J'ai aussi rencontré Lone Lone, un birman musicien, éditeur 3D, qui m'a traduit mon document magique et m'a fait découvrir un super point de vue pour coucher de soleil. Lone Lone aidera aussi mon frère et ses amis en gardant quelques affaires qu'ils avaient de trop. Merci à toi Lone Lone. Il m'aurait volontier hébergé, mais le gouvernement limite les intéractions avec les étrangers et interdit notamment l'hébergement.
Pour l'histoire de la bouteille d'eau, il faudra attendre les articles suivants...