DSCN0851Quand mon frère Thyl arrive à Yangon, après la longue journée de route/piste, il trouve une chambre réservée pour lui et son amie Laura. Damien, le troisième compère a un lit dans le dortoir. Nous partons dès le lendemain soir pour Mandalay avec un bus de nuit. Nous arrivons au petit matin.
Les hôtels étant trop chers, je soumets l'idée de dormir au temple. Nous en trouvons un qui nous invite à nous reposer, à manger le petit déjeuner et à garder nos affaires. On glane des informations pour savoir ce qu'il y a à visiter, apparement pas grand chose dans la ville même, mais plutôt autour. Thyl cherche le consulat indien. Et nous nous renseignons pour louer des motos et aussi pour le bus de notre prochaine destination, le lac Inle. Quand nous retournons au temple Laura et moi, nous comprenons rapidement que Thyl et Damien, sans carte et à la nuit tombée, sont perdus. Nous comprenons aussi une terrible nouvelle, les moines ne peuvent pas nous garder pour la nuit. Je vous laisse deviner la raison (voir article précédent si vous ne trouvez pas).
Je pars à moto chercher Thyl et Damien. Nous sommes, ensuite, contraints de dormir à l'hôtel pour cette nuit (20$/chambre). DSCN0861Thyl est malade pendant la nuit mais se lève vaillamment pour retourner au consulat indien.
Thyl patraque, location de moto hors de prix, et je ne parle pas de l'hôtel, tout nous pousse à partir de cette ville et à rejoindre le lac Inle le soir même. Nous partons à 20h, et on nous annonce une arrivée à 4h. A 23h, premier arrêt pour diner. A 1h30, on vient me réveiller de nouveau. "Vous êtes arrivés!" ??! Quoi déjà?!
Nous cherchons alors un endroit où finir notre nuit tranquillement. Ce sera sans compter sur les chiens et la morsure du froid. Nous dressons les hamacs entre les poteaux qui soutiennent la tonnelle d'un escalier. Comme nous sommes un peu en travers du passage, nous levons le camp à 6h.

DSCN1016Ca alors, nous retrouvons Yola, une polonaise qui avait partagé le dortoir avec Damien et moi à Yangon. Elle aussi est arrivée au milieu de la nuit, et elle aussi souhaite faire trois jours de randonnée avec Ever Smile, la compagnie de guides indépendants qui a du succès sur internet. A 10h, nous formons un groupe de 5 et nous voila en route, guidés par Ellias et son ami, pour trois jours de ballade jusqu'au bord du lac. La marche est plutôt simple, on suit de larges chemins à travers les collines. Après un quiproquo d'unité (1 miles = 1,6 km), on est contents d'apprendre que les distances en revanche sont respectables (~30 km/j).
DSCN1021Le premier jour, les paysages sont assez boisés alors que les jours suivants, ce sont plutôt de larges espaces agricoles offrant de multiples patchworks de couleurs. Nous sommes hébergés deux nuits chez l'habitant (c'est autorisé uniquement accompagné d'un guide certifié). Nous avons peu de contacts avec nos hôtes la première nuit, alors qu'en revanche, nous appellons nos deuxièmes hôtes Apa et Amou (papa et maman). Chez eux, Thyl et Damien s'essayent au concassage du riz pour enlever la coque de chaque grain. Ils sont efficaces et rapides mais n'ont pas l'endurance de la birmane. Et personne n'osera alors s'essayer au tamissage, une technique qui recquiert beaucoup de dextérité. On aurait trop peur de perdre le moindre grain, qui devient bien plus précieux après la séance de concassage.
DSCN1135Arrivés au lac, nous payons le gouvernement (10$) avant d'embarquer sur une longue pirogue. On visite quelques magasins, d'habits, de bijoux, de cigares, avant de traverser les eaux. On est ahuri par l'ingéniosité, et pourtant la simplicité, des jardins flottants. Comme il y a peu de fond, les habitants du lac, vivant dans des maisons sur pilotis, ont planté des bambous qui retiennent horizontalement les mottes de terres importées. Cette terre est agglomérée par les racines des plantes qu'ils font pousser. "Venez vous baigner entre les rangées de plants de carottes et de radis!" pourrait être un futur slogan touristique. Avantage, pas besoin d'arroser, inconvénient, si c'en est un, tout se fait à pirogue. Nous finissons de traverser le lac, accompagnés par les mouettes et sur fond de coucher de soleil. Magnifique!

DSC08308 LauraComme on arrive avant le départ du bus, nous ne perdons pas de temps et d'argent à dormir en guesthouse ici. Au revoir Yola.
Petit problème : toutes les places sont prises... correction, tous les sièges sont pris, mais en Asie, des places, on en invente. On nous propose d'être assis dans la rangée centrale sur des petites chaises en plastique, vous savez, les chaises de jardin pour enfant. Ok, mais très vite, nous remballons les chaises et nous nous allongeons par terre. Ca sent un peu les pieds mais au moins, on peut dormir jusqu'à notre arrivée à 6h.
DSCN1161Mon sac a été déchargé et il été posé à quelques cms de moi. Je le néglige et lui tourne le dos, le temps que je parle avec le groupe. Je me retourne, il n'est plus là. Aussitôt je m'en veux du manque de vigilance, je repense à toutes les fois où je me trouvais un peu parano, je repense à Adrien des froggys qui s'est fait volé son sac de la même manière, le temps d'une photo... Rrrraaahhh. Bon, ça ne sert à rien de geindre, si je veux avoir la moindre chance de le retrouver, il me faut l'aide des locaux, et vite. Je demande donc aux gars de la compagnie de bus de m'aider. Ils m'emmènent au bus, sans doute pour vérifier que j'ai bien pris leur bus (le bus est garé ailleurs). Non pas du tout, mon sac est là, dans la soute. J'embrasse de joie le gars qui n'a pas dû comprendre ce qui lui est arrivé. Sans doute qu'ils ont dû croire que le sac était oublié et qu'ils l'ont rechargé en soute. Ouf! Je me suis fait une belle frayeur.

DSCN1242Nous trouvons rapidement la guesthouse que Yola nous avait conseillé, (à 7,5$/p/n). Un peu de lessive s'impose pour tout le monde, sauf Thyl qui est encore malade, décidément la cuisine myanmar ne lui convient pas. Pour ceux qui serait surpris par l'emploi de "myanmar" dans cette phrase, il faut s'y faire. Myanmar désigne à la fois le pays, les habitants (pas le peuple, il y en a plusieurs), et est le nom et l'adjectif. Il n'y a pas de myanmarien, myanmaroi, myanmaré, c'est moche mais c'est comme ça.
Dixit Wikipedia, "Bagan est un vaste site archéologique bouddhique de près de 50 kilomètres carrés, situé dans la plaine centrale de la Birmanie. Du IXe siècle au XIIIe siècle, il a été la capitale du royaume de Pagan, le premier empire birman. Bagan ne fut jamais complètement abandonné, demeurant un site de pèlerinage."On y trouve donc des stupas et d'anciens temples boudhistes à foison. Pendant deux jours, nous avons visité les plus fameux sites, en réussisant à passer sans jamais s'acquiter du droit d'entrée de 15$.
Pour qui est allé à Angkor Wat, ce n'est pas tellement impressionnant mais je conseille d'y aller car c'est quand même terriblement beau. Et surtout il faut savourer les lever et coucher de soleil sur la plaine et la rivière. Essayez d'éviter les touristes, car la quiétude des lieux fait partie du charme.
Pour se déplacer, la bicyclette s'impose, tellement les distances sont grandes. Il ne faut pas hésiter à couper à travers champs pour admirer les stupas qui sont à l'écart.

DSCN1298Nous partons ensuite pour notre dernière destination ensemble, Monywa. Cette fois, on prend un bus tôt le matin, à 7h30 pour arriver à 11h30. Je découvre sur place, que non seulement, Talewa n'est plus accessible uniquement par la rivière, mais qu'en bus on peut rejoindre directement Tamu, la ville frontalière. Je gagne ainsi 3j de trajet et ça revient moins cher que prévu. Du coup, je prends un bus pour le lendemain soir (pour rester 24h de plus avec les autres) et je ne change pas d'argent, je devrais avoir assez pour me rendre jusqu'en Inde.
En revanche, mauvaise nouvelle, il n'y a que 5 hôtels à Monywa et la chambre la moins chère est à 23$. Nous cherchons donc à nous faire héberger par un temple. Au premier, Thyl joue de la guitare avec les gens du temple, mais on nous renvoie vers les hôtels. Au deuxième, en revanche, nous sommes chaleureusement accueillis par Grand Papa Moine et Petit Moine Rieur.
DSCN1324Le soir, quand Thyl et Laura vont au cyber pour glaner des infos pour la suite de leur voyage, alors que je voulais me laver les pieds au lavoir, zzzzzzzzzzzoup, je glisse sur des algues, et patrata me retrouve le cul par terre. le problème, c'est que la tête à cogné aussi. J'ai eu comme un flash (mais pas de perte de conscience). Je touche, ça saigne. Je me suis ouvert le crâne. Damien m'accompagne avec les moines, d'abord à la clinique la plus proche, où les infirmières nettoient la blessure et tondent autour (oui oui, il y en a plusieurs autour de moi :-), puis à l'hopital car la clinique ne peut pas prendre la responsabilité de recoudre un étranger. Là bas, radio du crâne avant d'être admis en observation pour 24h. J'ai droit à des antibiotiques, un anti inflammatoire (pour la bosse) et trois points de suture. Evidement, en tant que blanc, je suis l'attraction, le point de chute de tous les regards. J'ai aussi droit à des traitements de faveur, un paravent pour mon intimité, le médecin et les infirmières qui passent s'assurer que je vais bien toutes les minutes et demi. Rapidement, je leur fait remarquer que je n'ai pas besoin de cette attention, et ne souhaite pas de traitement de faveur. Mon voisin de deux lits sur ma droite, en a certainement plus besoin. Je l'ai vu pisser deux fois dans une bouteille déjà, et grimacer de douleur et trembler de froid...
DSCN1310Du coup, je me retrouve seul sur mon lit, dur comme une paillasse, dans un coin, face à tous les regards de la salle, ceux des 11 autres malades et surtout de leurs familles. Aucun malade n'est seul, et les familles dorment avec eux, par terre, au pied des lits.
La mort rôde. Elle frappe une première fois quand Thyl & co me rendent visite à 22h, mais c'était sans compter sur les soins des infirmières et du médecin de garde. La deuxième fois, c'est en pleine nuit. Le silence me réveille, comme une tension dans l'air qui opresse. Puis ce sont les cris, les pleurs. Je sais que tout le monde regarde, la curiosité est normale en Asie, mais moi je suis gêné, je détourne le regard, je veux laisser la famille tranquille, seule. Je n'ai pas posé de question, mais au matin, le lit du pauvre malheureux avait disparu. Je le remarque quand je suis réveillé par Grand Papa Moine et Petit Moine Rieur qui sont venus m'apporter mon petit déjeuner. Alors, là, des moines qui viennent visiter le jeune blanc, j'aimante encore un peu plus (si c'était possible) les regards de tout le monde.
Quand à 9h30 Thyl & co me rendent visite, les médecins me laissent partir avec eux.
L'eau en bouteille va bientôt faire sens, promis.

DSCN1334Je ne fais pas grand chose ce jour là, en attendant mon bus de 20h pour la frontière indienne. Pendant l'arrêt de 23h, un jeune birman vient me parler pour pratiquer son anglais. Il m'offre un thé et m'invite à passer chez lui le lendemain matin. J'accepte avec grand plaisir. Quand on arrive à 7h du mat, il m'emmène chez lui, à moto. Avec mon sac dans le dos, mon bâton dans la main gauche, avec laquelle je tiens aussi mon chapeau, et la guitare de mon frangin dans la main droite, j'innove dans les possibles chargements de ces destriers. Je regrette de ne pas avoir de photo de la situation.
En effet, puisque je passe en Inde et que je ne vais pas bouger pour attendre mon frère pendant 15j, je lui ai proposé de garder sa guitare pour qu'il soit plus léger pour randonner et se déplacer.
On pose nos affaires, avant de repartir visiter la ville. Yin Win Tun m'emmène au temple qui surplombe la ville. Je l'invite à prendre régulièrement des photos de cette vue et à me les envoyer. J'aimerai voir le développement de cette ville. Il me montre un second temple où on donne à manger aux poissons. Enfin, on rentre chez lui, afin de récupérer mes affaires et qu'il m'emmène au poste frontière.