Au petit matin, je suis réveillé par l'agitation qui règne dans le wagon, une sorte de branle bas de combat pour se préparer... une heure et demie avant l'arrivée (il est 6h00).
En descendant du train, je suis la foule qui se dirige vers les bus. Puis je suis les bus pour trouver la direction de la frontière. Un petit km à pied et j'arrive devant le premier no man's land. J'essaye de passer mais bien sûr, on me demande de rester là. Armé de mon bâton et de mon document magique, j'intrigue tous les douaniers qui me laissent faire l'autostop juste devant la barrière. Une jeune femme m'emmène jusqu'au bureau de sortie du territoire mongole, elle y travaille. Un nouveau tampon avant de devoir traverser le deuxième no man's land. Là, le douanier n'est pas très sympa et ne veut rien entendre. Sauf qu'il ne me connait pas, et moi, j'ai décidé que je franchirai la frontière, si ce n'est à pied (je ne veux pas me faire tirer dans le dos), tout du moins en stop. Je reste et fait mine de ne rien comprendre, "je suis Français, moi pas comprendre anglais" (son anglais est passablement incompréhensible de toute façon). Sa collègue en revanche est gentille et sans rien dire à personne, m'aide. Elle m'a trouvé un bus qui accepte de me faire traverser. Je ne suis pas le seul à être "en plus"... On est tassé, entassé, compressé, de telle manière que je ne peux même pas m'accroupir lorsque le chauffeur le demande. Tel des clandestins, on ne doit pas se faire voir des douaniers.
Un tampon pour signaler ma deuxième entrée en Chine et je sors de la douane. Je tombe alors sur un policier, Jim, qui parle un très bon anglais et adore rencontrer des étrangers. Il m'explique où je peux échanger mes derniers Tugrik contre des Yuans et me propose de m'avancer de 3km. C'est donc dans une voiture de police que je fais mon entrée en Chine, il sera mon premier conducteur.
Une fois l'échange fait, je sors de la ville non sans avoir fait le plein d'eau. 800 km me sépare de Pékin. Nous sommes samedi midi et je prévois d'y arriver lundi soir ou mardi dans la journée. La route est vide, il n'y a personne, mais elle n'en est pas moins une 2 fois 2 voies.
Malgré tout, je n'attends pas bien longtemps avant d'être pris par deux jeunes chinoises, d'origine mongole, qui se rende à Beijing!
Beijing, Pékin... ma destination pour dans deux jours, me voila dès ce soir!
J'arrive donc beaucoup plus tôt que prévu, mais nous arrivons tard dans la nuit. Après un détour pour retrouver un ami et manger au restaurant, nous arrivons en effet à 01h30. Evidement, je n'ai pas de contact CouchSurfing pour cette nuit je me rabats donc vers une auberge de jeunesse dont j'avais sauvegarder les coordonnées dans mon ordi. Malheureusement, l'adresse est imprécise pour le GPS de mes amis, et chercher un lieu en chinois au milieu de la nuit, donc sans pouvoir demander son chemin, est mission impossible.
Je dis au revoir à mes amis et me mets en quète d'un endroit où dormir dehors. Les étoiles sont là, pas de pluie et le temps est doux, je n'ai même pas besoin de mon duvet. Je trouve un premier endroit pour dormir mais des chiens me réveillent vers 3h. Je change et trouve un canapé dans une ruelle, qui a dit que jel n'avais pas de contact Couch :-)
Quand le jour est là, je cherche mon hôtel. Je le trouve assez facilement, vers 7h. Première chose à faire, aller se coucher... jusqu'à 10h.
L'intéret des auberges de jeunesse, c'est de rencontrer facilement du monde. L'inconvénient, c'est que cette facilité à rencontrer des étrangers, par fénéantise, nous coupe des locaux. Je rencontre deux Argentins, Facundo et Joaquin avec qui je passe la journée. D'abord la visite de la cité interdite nous occupe jusqu'à 14h. Elle est vraiment immense, grandiose et très impressionante. Je ne peux malheureusement pas dire qu'elle est belle car la pollution étant si intense, nous ne pouvions voir à 80m et les couleurs étaient toutes altérées. La pollution était encore plus visible, palpable et oppressante en haut du mont qui surplombe la ville, nous n'avons alors pas vu grand chose.
Puis, après un déjeuner aléatoire, le jeux consiste à commander au hazard des plats écrit en chinois dans le menu, ils voulaient visiter le "temple du paradis". Tout est payant en Chine, et il y a beaucoup de choses à voir. A la différence de mes deux compères du jour, je n'ai pas l'intention de ne visiter que Beijing. Des temples, je pourrais en voir d'autres, et au Yunan gratuitement. Je les attends en lisant leur guide sur la Chine. Je prends des idées.
Toute la journée, je les ai invité à se joindre à moi pour aller faire une randonnée de deux jours sur la grande muraille. Mais non, il ne leur reste qu'un jour, ils iront visiter la grande muraille juste une journée et sur sa partie la plus touristique.
Pendant cette semaine, j'ai aussi rencontré Jason, un Américain de l'Oregon, en vacance en Chine avant de reprendre sa deuxième année de master d'urbanisme. J'ai passé beaucoup de temps avec lui (et un peu avec son ami anglais Rikky) à marcher dans Beijing (au lac Huhai, au temple Lama...), à discuter politique et géopolitique et à découvrir la cuisine chinoise. J'ai mangé de tout, du riz, des noodles bien sûr mais aussi de l'octopus, de la tortue (ce n'est pas bon), et même des insectes (larves, scorpions).
Pendant ce temps, j'organisais le temps fort de ma semaine à Pékin, une randonnée sur la Grande Muraille, hors des sentiers battus par la foule de touriste. Et je profitais de cette longue pose pour rédiger mes articles sur la Mongolie, pays où il me fut impossible de réunir temps et environnement propice à l'écriture.
J'avais écrit, juste avant de quitter OB, un message sur le groupe de Beijing de CouchSurfing, dans lequel j'expliquais, en anglais, mon idée d'excursion. Quand j'arrive à Pékin, après ma nuit dehors, après la visite de la cité interdite, une fois que j'ai eu pris à nouveau le temps de me connecter, surprise, une réponse d'une Chinoise. Surprise, en français!
Laura est étudiante à l'université des relations internationales et étudie le droit international et le français depuis deux ans. Elle le parle déjà courament et avec un très léger accent, impressionant. On s'est retrouvé une première fois dans Pékin pour manger ensemble, elle m'a invité à découvrir un restaurant gastronomique pas très cher. On s'est mis d'accord pour une randonnée de deux jours le w.e prochain. Juste après, Sebastian, un étudiant français en ingéniérie, qui faisait valider en tant que stage son voyage en Chine (expérience à l'étranger organisée entièrement par lui), m'a aussi contacté via CS. On s'est raté une première fois lors de la cérémonie de levé du drapeau (5h). Eh oui, ils font ça les Pékinois, mais ce qui impressione le plus, ce n'est pas tellement la cérémonie que le monde qui vient la voir...
On s'est retrouvé un soir, tous les trois, pour aller chercher du matériel de camping chez des amis de Laura. On en a profité pour décider la portion que l'on souhaitait visiter, le lieu et l'heure de RDV et organiser les provisions. On s'est donné RDV devant le McDo de la gare Dongzimen à 7h30 samedi matin. Sebastian et moi nous sommes occupés des courses (2kg de "spaghetti", trois sachets de sauce, et 6L d'eau par personne) pour 4 car une amie de Laura devait se joindre à nous.
Le jour des courses fut un jour de course à pied. J'avais rendez-vous avec Philippe, un ami de mon oncle, expatrié à Pékin depuis 4 ans, pour déjeuner, puis avec Sebastian à 15h pour les courses. Sauf que je devais prévenir Sébastian de l'heure pour les courses et que l'internet et son numéro de téléphone ne fonctionnaient pas, je pars donc à la bourre pour rencontrer Philippe.
Philippe m'a invité à manger une pizza. Il était très impressioné par mon projet et mon voyage. Nous parlâmes famille, voyage, travail, les sujets que nous avions en commun. Et quand des Français sont à table pour parler, ça peut prendre du temps... Du coup, nous étions tous les deux en retard pour nos RDV respectifs. Avant de nous séparer, Philippe m'invite chez lui pour le reste de mon séjour à Pékin. J'ai donc à nouveau RDV avec lui à 18h pour aller déposer mes affaires chez lui avant d'aller ensemble retrouver des amis à lui au resto. Je fus donc en retard pour retrouver Sebastian et à nouveau pour retrouver Philippe...
La soirée fut plus tranquille, très agréable. Nous avons mangé des sandwichs (viande hachée et bleu fondu pour moi :-) dans un resto très calme, avec deux amies à lui, une Française qui parle couramment le chinois et une Chinoise qui parle couramment le français avec un incroyable accent marseillais.
Danni, l'amie de Philippe nous a rejoint plus tard. Nous avons discuté autour de quelques bières et mojitos avant de rentrer en taxi (les bus et métro s'arrètent à 23h). Je ne fut pas long avant d'aller me coucher car le lendemain devait débuter notre escapade. Philippe et Danni m'invitèrent plus tard dans la semaine à déguster une spécialité pékinoise, le canard laqué.
Samedi matin, nous nous retrouvons tous les 4 sans problème. En revanche, Dmytro et Volochai, un couple d'ukrainien que j'avais rencontré à l'auberge et invité à venir, nous attendaient devant un autre Mc Do. Heureusement, en allant acheter l'eau, on tombe sur eux au moment où ils s'apprétaient à partir. Comme moi, ils voyagent à faible budget et voyageront jusqu'à ce qu'ils n'aient plus d'argent. Pour économiser un peu, ils sont venus avec toutes leurs affaires. Ca semble lourd. Remarquez que Sebastian et moi n'avons rien à leur envier. En effet, Laura et son amie Cécile sont venus avec des petits sacs, nous devons donc répartir dans nos gros sacs les charges. Sebastian doit avoir 23kg au début quant je dois en avoir 20 (mon sac est un peu plus petit). Cécile est une étudiante française, en échange à Pekin pour 6 mois. Savoyarde, Cécile est une fille de la montagne et sait ce que randonner signifie, cela se voit aux détails comme la réserve de petits fruits secs, mais loin de chez elle, elle n'a pas son sac.
Après un peu de bus et de taxi noir, nous voila au pied des collines qui hébergent notre section de mur. D'en bas, il est invisible et ne se dévoilera pas avant les tout derniers instant. Il nous aura fallu une bonne heure et demi de grimpette avant que le sentier ne s'arrète brutalement face à la muraille. Cécile et moi devant en explorateur, les Urkrainiens fermant la marche, nous avançons à un bon rythme entrecoupé de courte pause régulière (vive les amandes de Cécile!).
Une fois sur la muraille, nous prenons à droite comme précisé par les conseils que j'avais trouvé sur un groupe de CS. Une fois sur la première tour, nous nous offrons une longue pause repas pour nous reposer, et admirer le paysage.
La grandeur de cette muraille est terrifiante, ils étaient fou quand même. Sa masse longiligne qui serpente les collines sauvages accroche le regard. Sa construction défie toute logique moderne. Au regard des techniques de l'époque, elle prend une teinte rouge sang, le rouge de la mort de tous ces pauvres bougres, mort vaine pour un édifice qui s'avéra bien peu efficace...
Aujourd'hui, elle impose car c'est impressionant. Mais je ne parlerais jamais de respect pour un instrument guerrier. Je peux avoir du respect pour des grands édifices tout autant meurtrier que sont les cathédrales, les pyramides où bien encore l'armée de Terra Cotta car ils furent construit à la force d'une foi, aveugle sans doute et pour l'agnostique que je suis, sans but, mais au moins, leur sens premier n'était pas la mort d'autrui...
Une fois cela dit, reste qu'elle impose! Et on se sent bien petit dessus. Et puis c'est un incroyable terrain d'aventure qui offre des tableaux magnifiques à qui fait l'effort de la parcourir et sait ouvrir les yeux.
Justement, l'aventure commence peu après. Nous voila bloqué par un mur d'escalade. Rien de très méchant, Céline grimpe cette "falaise" en premier pour montrer le passage. Je suis sûr qu'on peut le faire, Céline aussi, elle vient de le démontrer mais je sens que les autres ne sont pas 100% OK. Au moment ou finalement tout le monde dit OK, Céline dit qu'elle ne le sent pas.
Merci!
Que s'est-il passé? Pourquoi ne pouvais-je pas exprimer mes doutes, pourquoi ne pouvais-je pas changer d'avis? Ais-je fait passer mon désir d'aller de l'avant, devant la confiance du groupe en ses propres capacités? Etais-je prêt à prendre un risque de façon égoiste?Pour soulager ma conscience et parce qu'il est hors de question de faire demi tour, je cherche un chemin qui contourne la muraille. Bingo, j'ai trouvé. J'avais lu qu'il était souvent possible de descendre de la muraille et de la longer en cas de grosse difficulté. Là, plus vraiment de difficulté. Ils me rejoignent tous à la tour suivante.
Question : dormons nous à la deuxième tour, où sont restés nos sacs, ou continuons nous un peu plus ce soir? Il commence à se faire tard, le soleil décline. Le temps que chacun exprime son avis, j'aurai le temps de changer le mien en faveur d'une nuit à la deuxième tour. On monte alors nos tentes, le couple au dessus de la tour, et nous en bas, à même la muraille ; Cécile et Laura dans l'une et Sebastian et moi dans l'autre. Avec Sebastian, nous allons chercher du bois pour faire un feu pendant que les filles commencent à chauffer l'eau des pâtes. Quand je démarre le feu, les Ukrainiens ont déjà fini de manger et sont sur le point d'aller se coucher. Nous attendons toujours que l'eau bout.
Il est toujours bon de discuter entre ami autour d'un feu de camp, et de bien se remplir la panse après une bonne journée de marche. Pas question, en revanche, de rester éveiller toute la nuit. Demain, une bonne journée nous attend. M'enfin! j'apprendrai le lendemain que, sans sac de couchage, à cause du froid, Cécile n'a pas dormi... mais elle a vu le soleil se lever! Les photos du soleil levant ne sont donc pas de moi mais de Cécile Maitre-Ferri. J'espère qu'elle passera par là pour commenter ce moment qui a dû être magique.
Après un rapide ti dèj et avoir plié bagage, nous entamons notre ballade avec entrain. La difficulté d'hier n'effraie plus personne. On marche, on monte, on descend, sur du pavé, sur de la roche, sur de la terre, on traverse une tour, une forêt. On crapahute plusieurs heures avant d'être de nouveau vraiment bloqué. Et cette fois, pas de chemin de traverse. C'est largement faisable, du moins sans les sacs. Le problème n'est pas tellement de monter mais de savoir qu'on ne redescendra pas par là. C'est donc un pari sur la suite du chemin. On doit arriver à l'autre sortie car on ne reviendra pas en arrière. La décision est prise rapidement, tout le monde veut aller de l'avant. Cécile passe en premier sans son sac, je le lui passe. Le mien étant trop lourd pour être porté à bout de bras jusqu'à elle, et comme il n'est pas plus large que mes épaules, je pense pouvoir passer avec. OK. Je monte alors déposer mon sac en sureté sur une plateforme plus haut avant de revenir installer ma corde pour hisser les sacs. Je hisse un sac, le monte sur la plateforme et attends, le suivant hisse le sac du suivant et monte avec et ainsi de suite...
Ce fût la seule véritable difficulté technique.
La fin, comme depuis le début, n'est pas un chemin de grande randonnée, c'est plus ou moins étroit, ça peut monter et descendre sec. Attention aux mollets, aux cuisses, aux genoux (le mien m'a laissé tranquille pour cette fois, ouf!). Une dernière grande pause pour le déjeuner, juste avant de rejoindre la partie restaurée, touristique et de descendre fièrement et content les longs escaliers qui nous mènent jusqu'à l'arrivée.
De nouveau du taxi noir et un bus pour rentrer à Pékin avant de se souhaiter bon vent en attendant la revoyure, tout en savourant ensemble une bonne bière. Merci les amis, ce fut un w.e formidable, innoubliable!
L'escapade, tout compris (transport, hébergement :-) et nourriture) aura coûté (49 CNY, 0 CNY et 12 CNY) une soixantaine de yuan par personne quant un tour organisé en demande au bas mot 200.
Je suis ensuite resté quelques jours à Pékin avant de partir pour le mont Tai et Shanghai. Hébergé chez Philippe, j'ai mis à jour mon site internet et je suis allé rencontrer les camarades de Laura à son université.
Elle m'avait dit qu'ils n'avaient pas tous le même niveau qu'elle. C'était peu de le dire... elle est exceptionnelle, pas la rêgle. Et ces pauvres camarades n'ont pas dû tout comprendre. Il est beaucoup plus difficile d'adapter mon débit de parole et mon vocabulaire dans ma langue maternelle qu'en anglais.
Je vous laisse avec cette vidéo de notre escapade dans la grande muraille de Chine.
Suivez ce lien pour plus de photos de Pékin.
Commentaires
J'ai revu mon passage à pékin à travers le tien, bon souvenir et j'adhère avec le problème des Hostels...
A la prochaine
A la prochaine.
@nathalie : Oui, la Chine est un endroit dramatique question protection de l'environnement et les chinois sont loin d'avoir une conscience écologique... C'est très triste et ça me fait un peu peur. J'ai bien reçu ta carte. Ca m'a beaucoup touché et ça m'a fait très plaisir, une vraie surprise!
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