Désolé pour ceux qui espéraient, ce ne sera pas du genre Tintin au Tibet :-)
Encore une fois, comme chaque année à la période estivale, telle une routine, le gouvenement de la "République du Peuple de Chine" a fermé l'accès, aux étrangers, de ce qu'il appelle la "Région Autonome du Tibet". En effet, pendant cette période de l'année, les Tibétains organisent plusieurs manifestations religieuses et culturelles qui sont souvent prétextes à des débordements. "La Chine" veut éviter que les étrangers en soient les témoins.
En septembre, lorsqu'elle a réouvert l'accès, elle a encore durcit les règles. Désormais, il faut non seulement obtenir un permis (très cher), former un groupe de 5 et être accompagné d'un guide, mais il faut que les 5 possèdent le même passeport. Si je souhaite traverser cette région, il faut donc que je trouve 4 autres Français...
Vous l'aurez compris, je n'irai pas dans la Région Autonome du Tibet, je n'irai pas à Lhasa, même pour aller en Inde comme cela était prévu. Ce qui va m'obliger à trouver une autre route. On verra ça en temps voulu. En revanche, qui a dit que YoGo n'irait pas au Tibet. Le Tibet, culturellement et historiquement est bien plus grand que cette région administrative. Déjà à Xiahe, j'étais au Tibet.
Et Chengdu est à la frontière, au pied des montagnes préhimalayennes.
Pour me rendre au Yunnan, j'ai deux possibilités, contourner les montagnes ou traverser plusieurs cols tibétains à plus de 4000m d'altitude. Mi octobre, le froid n'est pas encore là à Chengdu, je passerai donc par le Tibet!
Je quitte Chengdu un midi, car j'ai pris la dernière matinée pour photographier les dessins des étudiants. Comme je connais déjà le chemin pour monter sur l'autoroute, je gagne du temps.
Ce jour là, la chance est avec moi et elle m'accompagnera pendant toute la traversée de la route tibétaine. En fait, un jour il faudra que je rencontre ma bonne étoile pour la remercier de visus. Par télépathie ce n'est pas à la hauteur de son aide :-) La route et la chance, les deux dieux du voyageur.
Avec l'aide de 3 voitures, à 14h, je suis en poste à la sortie de Ya'an, dernière ville avant de commencer la route tibétaine. Le dernier conducteur m'a bien fait comprendre que je pouvais continuer avec lui seulement si je payais. Je les ai donc remercier chaleureusement pour leur aide et suis descendu de leur voiture.
Je n'attends pas bien longtemps avant que Huan et To Sho, deux frères tibétains, m'offrent de m'emmener à Kangding dans leur semi-remorque. On avance lentement, très lentement, non pas seulement que le camion soit chargé, mais aussi parce que la route monte. Elle s'élève tranquillement mais surement par une série de virages qui ne cessent d'hésiter entre la gauche et la droite. La montagne et ses soeurs les vallées dictent le chemin à la route qui tant bien que mal, avec peine et courage, se hisse dans les hauteurs, vers les cimes. Et le moteur jamais ne hurle, Huan, en bon maitre prend soin de sa bête, le camion progresse lentement.
Après une longue pose pour abreuver et soigner leur bête qui avait ses pattes bien fatiguées, To rejoint un ami dans un autre camion pour que nous deux, passagers, soyont plus à l'aise pour dormir. Et ce n'est qu'au petit matin, que je me réveille à Kangding, juste avant que Huan ne s'endorme. Quand l'autre camion arrive, je dis au revoir à mes deux nouveaux amis et je pars visiter la ville.Je cherche d'abord un hôtel pour poser mes affaires, c'est qu'à 4200m d'altitude, les 12kg de mon sac se font sentir, le souffle est plus court. Quand j'ai bien remplie ma tête de religion bouddhiste tibétaine en visitant trois temples, je l'aère avec une petite randonnée sur la colline qui surplombe la ville. Je médite sur le fait que je suis sans aucun doute plus haut que jamais dans ma vie. Malheureusement, la vue sur la ville n'est pas accessible à qui n'est pas près à payer... je me contente de regarder l'autre vallée. Je maudis encore une fois le gouvernement chinois et sa manie de faire payer tout et n'importe quoi. L'effort de gravir la colline n'est pas naturellement, entièrement, récompensé. Devoir payer pour une vue naturelle, grrrrr... Je redescends m'apaiser l'esprit en me baignant dans les "sources chaudes".
Là encore, je suis deçu. Cette fois, ce n'est pas qu'il faille payer mais je n'avais pas vraiment en tête l'image d'une piscine, d'un trou bétonné... Où est passée la "source" d'eau chaude???
Le soir, je suis invité par deux jeunes filles à manger tibétain. Anna est tibétaine, originaire de Litang (ma destination de demain) et son amie Mary est han. Elles étudient ensemble au lycée. Les momos (sorte de dumplings) étaient délicieux. A la viande ou bien un mélange de beurre et farine de Zam'ba (une céréale). Je n'ai malheureusement pas de photos car je n'avais pas de batterie. Les filles, si vous venez par ici, j'attends toujours que vous m'envoyer les votres :-)
A l'hôtel, je rencontre un jeune Han qui termine la route tibétaine. Il vient de Lhasa et va à Chengdu, le tout à vélo! Bravo, quel courage!
Le lendemain, je pars de bonne heure pour Litang, il n'y a rien de particulier là-bas (dixit les guides), juste une ville étape, où l'on peut malgré tout marcher dans des rues tibétaines. Je marche jusqu'à la station service en sortie de ville. Un camion reçoit son plein d'essence, le temps pour moi de négocier une place à l'intérieur avec son conducteur tibétain et son accompagnateur, un moine. Ils m'emmène jusqu'à la sortie de Xinduqico, là où nos routes se séparent. Ils continuent vers le nord, je vais vers l'ouest.
Quand une voiture s'arrète pour que son conducteur vérifie son moteur, je négocie ma place à l'aide de mon doc magique. Ils ne parlent pas un mot d'anglais, pas plus que les précédents d'ailleurs. Rapidement je m'agrippe à la poignée. Certes, il conduit un 4x4 mais la route est en très mauvais état, très souvent recouverte de terre, et les lacets frolent toujours des à pics, alors pourquoi risquer nos vies en allant si vite??? Heureusement, la route devient tellement mauvaise, laissant place à une piste en travaux qu'il est forcé de ralentir. Je ne suis pas mécontent quand ils décident de faire demi-tour et de me laisser au bord de la route. Sa femme était très gentille mais cela ne contre balançait pas les frayeurs que j'ai pu avoir dans cette voiture.
Et puis juste après, je suis en pris en stop par un charmant couple de Hans quiquagénaires, venant de Chengdu dans leur 4x4 pour visiter cette route tibétaine. Wang travaille pour les impôts et sa femme, Lui, est bussinesswoman. Ils parlent courament l'anglais ce qui nous permettra de converser longuement pendant le reste de la semaine. Et oui, il se trouve que nous avons à peu près le même itinéraire et j'adapte mon timing au leur. Comme le sont Bahetiuli et Mikemaiti au Xinjiang, Lui et Wang sont un peu mes maman et papa du Sichuan :-) Ils me prennent entièrement en charge pendant toute la semaine qui suit. Ils m'emmènent partout, me font tout visiter et me font découvrir pleins de délicieux plats.
La piste est extrèmement mauvaise! Cela me renvoie en Mongolie, un bon en mois en arrière, en compagnie de Tileubai. La différence, j'étais dans un semi-remorque. Le 4x4, c'est quand même plus confortable :-)
L'avantage, c'est que cela nous donne le temps d'apprécier les paysages, le plateau tibétain. A ceux qui ne connaissent des montagnes que les Alpes, au Tibet, vous seriez surpris par la vue infinie. On a beau être à plus de 4000m d'altitude et entourés de pics encore bien plus haut, rien n'arrète le regard. Les montagnes ne sont point des murs ici, et les vallées ne sont pas étriquées, l'ensemble offre un champ de vision large et ouvert. Le tableau ne se compose pas que de roches et de cailloux, la végétation est encore là et c'est beau. Enfin, en tant qu'ex étudiant savoyard, pour moi, à la mi octobre, à 4000m d'altitude, je devrais voir de la neige. Il est tôt pour que tout soit recouvert, mais au moins un petit peu quoi. Ben non, rien, pas la moindre petite trace blanche.
L'inconvénient, c'est qu'on arrive à Litang à 18h et que nous n'avons pas le temps de visiter aujourd'hui. On décide même de sauter l'étape et de nous rendre directement à Daocheng où l'on arrive à 22h.
D'abord, une journée repos, lessive et visite de la ville pendant laquelle je rencontre Piotr, un Italien, qui défend mordicus les "pasta" et parle du vin avec passion. Il est d'origine polonaise mais seul son nom nous le rappelle, même son accent en anglais est italien désormais. Le lendemain, je pars visiter la réserve de Yading avec Wang et Liu. J'invite Piotr à profiter de notre trajet. Nous partons plus tôt que le bus et il a comme ambition de terminer ce qu'il a commencé 5 ans plus tôt, randonner autour des trois pics (5000m). Il lui faut donc trouver un cheval (pour les bagages) et un guide dans la matinée avant de pouvoir partir. Il faut compter trois heures de mauvaise piste en lacet pour atteindre la réserve.
Wang et Liu m'offre l'entrée à la réserve (150Y, non négociable en tarif étudiant).
Quand on arrive au départ des randonnées, Piotr est perdu. Tout a changé en 5 ans! Plus de chevaux, ils ont été remplacés par des petites voitures électriques. Les chevaux sont plus hauts, une attraction supplémentaire pour les touristes. Et plus de guide, désormais, ou bien ils conduisent une tuture, ou bien ils conduisent les chevaux par la longe pour guider les touristes fainéants. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas le droit de diriger par eux même leur cheval, qui à parler de "monter" à cheval :-).
Wang aide Piotr à trouver un guide et un cheval. Comme ils sont rares, il faut payer cher maintenant (400Y par jour, 6j pour faire la boucle entière). Avec le temps de la recherche, il est déjà tard. Piotr ne partira que demain matin. Et nous, nous resterons un jour de plus pour visiter la partie la plus haute de la réserve.
Après le déjeuner que nous offrent Wang et Liu, nous montons tous les 4, en voiture électrique, dans la première partie de la réserve.
Admirer!
La montagne en automne, un temps superbe, le bleu du ciel est pur, le jaune des feuilles crie, le bleu/vert des ruisseaux translucides, est doux, le blanc de la neige est limpide, le noir de la roche est dense, les couleurs sont explosives!
Et plus tard vous découvrez ce lac, tel un bijou lové dans son écrin, qui aimante le regard. Sans la froideur des montagnes alentours, on pourrait presque se baigner. On reste là longtemps à contempler ce joyau de la nature avant de redescendre lentement car Liu a mal aux genoux.
Le lendemain, Piotr part à pied avec sa mule et son guide, nous remontons en voiturette dans la deuxième partie de la réserve, plus haut et de l'autre côté de la principale montagne. Liu et Wang restent là toute la journée car Liu ne se sent pas de marcher plus avant. Je pars seul à la découverte de deux autres lacs. Je fais vite car je sais qu'ils m'attendent. Je mets 4h à faire l'aller-retour (au lieu de 6 pour les Chinois). La randonnée n'est pas technique mais en altitude, c'est une drôle d'impression que d'avoir le souffle court sans même courrir. Les lacs sont beaux aussi mais l'harmonie du tabeau n'est pas celle d'hier. Ce sont des cuvettes remplie d'une eau limpide encerclées de parois. On est loin du paysage de carte postale. Au loin aussi, les pics, blancs et majestueux, sont magnifiques.
Quand je retrouve Wang et Liu, nous rentrons à Daocheng après un pique nique.
C'est après une très longue journée de piste et de route sinueuse et après avoir passé un col à plus de 4807m :-), que nous arrivons à Deqen. A 22h, ce n'est pas l'heure de chercher une auberge de jeunesse, ils m'offrent donc une chambre à l'hôtel, à côté de la leur.
Si nous sommes chanceux, il parait que j'aurai droit à une surprise au réveil.
La chance ne me quitte pas, à 7h, alors que j'ouvre les rideaux, le jour qui se lève me dévoile une splendide montagne, un pic enneigé d'une rare beauté. Le soleil fera bientôt son apparition, vite, mon app photo, vite je monte sur le toit. Il fait froid mais que c'est beau! Nous regardons la montagne se teinter légèrement d'une touche d'orange avant que le soleil ne brille vraiment et que le blanc scintille.
En regardant une carte, je me rends compte qu'on a fait un sacré détour, mais cela en valait la peine.
Après une longue descente, nous rejoignons Shangri-La. Mais avant d'entrer en ville, nous nous balladons dans les grandes prairies qui entourent le lac.
Le lendemain, Wang et Liu m'offrent la visite du monastère tibétain Gedan Songzanglin. Liu l'a déjà visité et Wang n'est pas intéressé. Le monastère est en hauteur sur une colline surplombant un petit lac. Il se compose de trois temples. Il vient juste d'être entièrement refait à neuf. Du coup, ça ne fait pas très authentique mais les couleurs des peintures, extrèmement présentes dans les temples tibétains, sont belles et vives. J'ai eu droit à quelques explications en suivant un groupe guidé.
J'ai malheureusement été choqué par une partie des propos du guide au sujet de la sexualité. Je croyais la religion boudhiste tibétaine suffisament tolérante et ouverte pour ne pas reléguer l'homosexualité au rang de folie, de maladie mentale... Est-ce sa propre libre interprétation? Y a t-il une si grande différence entre la philosophie et la religion bouddhiste tibétaine?
Il faudra que je pose des questions dès que j'en aurai l'occasion.
Pour l'heure, je dois dire au revoir à Liu et Wang lorsque nous arrivons à Lijiang. Ilsi repartent dès le lendemain matin pour Chengdu. Je vais rester quelques jours pour m'imprégner du Yunan avant de me mettre en route pour Hong Kong où je prévois de chercher un bateau pour quitter la Chine.
Suivez les liens pour plus de photos de Kangding, Daocheng, Yading, Deqen et Shangri La.
Prochain lieu de correspondance, Kuala Lumpur. Si vous voulez recevoir une carte de cette ville, dites le moi avant le 31 janvier. Vous pouvez aussi me faire parvenir du courrier en poste restante en l'envoyant avant cette même date (31 janvier) à l'adresse suivante :
Nathanaël Leprette
Poste Restante
General Post Office
Pejabat Pos Besar Kuala Lumpur
Jalan Tan Cheng Lock,
50670 Kuala Lumpur
03 - 22756686
Commentaires
rappelles toi le yéti est gentil avec tintin :)
Et tes photos sont vraiment le reflet de ce voyage. et le sourire affiché. magnifique. quelle belle épopée;
Merci de me faire rêver!
dom de Lorgues
Bises J et MC
Je suis tes aventures maltaisienne à défaut de malaisienne. Un jour je rentrerai pour le goûter!
Biz
@le schrek : La sommellerie, voila bien un art qu'il te faudra partager en chemin. Ce sera un atout dans le voyage surtout si tu envisages parfois de t’arrêter longtemps pour profiter d'un lieu, ça t'aidera pour trouver un job partout. Juin? email?
@dom : voila un commentaire qui me donne la pêche pour écrire mes prochains articles! Merci,
@clayer-bishop : bonne année, tous mes meilleurs voeux et surtout une bonne santé. Bisous.
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