Ma vision critique de la Chine, Bilan

Je m'entends encore dire aux gens, avant mon départ, que je n'aurais pas assez des trois mois prévus en Chine pour appréhender ce mystérieux pays, ce point d'interrogation.
Après trois mois passés à parcourir cet immense territoire, je reste perplexe quant à parler de "la Chine".
Dans cet article, je vais essayer de donner mon point de vue sur ce qui est appelé communément la Chine et sur ses habitants.

Je vais commencer par remercier tous les habitants de la Chine qui m'ont chaleureusement aidé et accueilli partout où je me suis rendu. Si vos pas sur la toile vous mènent ici, surtout, ne vous sentez en aucun cas concerné par les critiques que je vais formuler sur vos compatriotes. Vous avez été nombreux à agir avec bonté, bienveillance et générosité à mon égard. En stop, dans les restaurants, à l'hôtel ou même chez vous, vous avez partagé et m'avez fait une petite place (temporaire) dans vos vies. Je ne saurais jamais comment vous remercier tous.
A l'exception d'une seule fois, je dois dire qu'avec moi, l'étranger, le blanc, l'Européen, tous les habitants de la Chine ont été gentils. Et je vous aime pour cette gentillesse.

En revanche, lorsque j'observe les habitants de la Chine se comporter au quotidien et évoluer dans leur territoire, je suis perplexe.
Ils semblent très égocentriques, peu soucieux d'autrui pour ne pas dire hautains et agressifs. Ca parle fort, ça hurle tout le temps, on dirait qu'ils sont tout le temps fachés et qu'ils vont se taper dessus à chaque instant. Je ne peux pas croire que cela ne soit dû qu'à la prononciation et que cela n'ait pas d'influence sur leur bien être et les relations. Partout, la loi du plus fort règne et c'est tout particulièrement flagrant avec le non respect du code de la route. Celui qui a la plus belle, la plus grosse voiture passe avant les autres même si ceux ci doivent freiner, et je ne vous parle pas des vélos et des piétons.
La voiture, l'objet le plus pervers de notre société de consommation, est encore plus sujet à la dévotion ici qu'en Europe. Il faut une belle voiture pour être! C'est à se demander parfois si la Chine n'a pas un esprit consumériste encore plus grand que chez nous.

Plusieurs habitants de la Chine m'ont fait la remarquer avec tristesse qu'ils n'ont pas très bonne réputation à l'étranger, et ils en souffrent. Les raisons précédentes y sont pour quelque chose. Leur standard de la propreté en est une autre. Ca éructe, ça crache tout le temps et partout, même en intérieur parfois. Je n'ai jamais eu l'impression de vivre dans la saleté permanente comme ce fut le cas en Chine. Pas même dans l'un des pays les plus pauvres de la planète qu'est Madagascar. Il faut vraiment dépasser un certain niveau de luxe pour se sentir au propre en Chine. Et je ne parle pas que des toilettes, qui sont juste l'horreur, je parle d'un simple ménage mensuel qui n'est pas respecté dans les restaurants et hôtels.

Dans la dicature capitaliste du peuple de Chine (et non République communiste du peuple de Chine, nom officiel de propagande à mourir de rire), il y a beaucoup de travail et le gouvernement met un point d'honneur à créer des emplois pour essayer d'en donner au plus grand nombre. On voit ainsi des gens qui nettoient les bords des routes au balais, non pas seulement dans les villes, mais aussi le long des autoroutes. Remarquez, il faut bien que quelqu'un ramasse les déchets étant donné qu'ils sont loin, mais alors très loin, à des années lumières, du moindre prémisse de fibre écologique. Tout passe par la fenêtre de la fameuse voiture, du mégot de cigarette (tout le monde fume et partout, excellente rentrée d'argent pour le gouvernement), aux sacs et bouteilles en plastique...
De la même manière, l'eau et l'énergie sont gaspillées à tout va. Il en va de même pour la nourriture, peut être un moyen d'oublier qu'il n'y a pas si longtemps, régnaient des famines dans différentes parties de la Chine.

Alors, qu'est-ce que c'est finalement "la Chine"? Et bien pour moi, la Chine est au mieux une mascarade, une comédie ou chacun joue son rôle à la perfection. La dictature n'est pas que politique, mais aussi culturelle et quotidienne. Il n'existe qu'un seul parti bien sûr ce qui en fait ,de fait, une dictature et je n'approfondirai pas le problème politique. En revanche, j'ai été surpris de voir que les différences culturelles sont énormes de part et d'autres du territoire de la Chine, les cuisines sont variées, les chansons ne sont pas les mêmes, les habits sont différents. Malheureusement, si je peux encore parler au présent, qu'en sera t-il dans quelques années??? Le gouvernement met un point d'honneur à stigmatiser ces différences en les mettant sur un piedéstal pour touriste, et priorise son soutien à la culture des Hans de Beijing. C'est ainsi que les différentes formes d'opéra chinois disparaissent pour ne laisser la place qu'à celui de Pékin, ou encore que le shanganien, la langue de Shanguai à pratiquement disparu.
Mais le pire est de loin l'emprise sur les esprits, les consciences. La grande majorité des habitants de la Chine ont conscience des variétés que l'on peut trouver sur leur territoire mais s'entête à dire qu'ils sont tous pareils, tous chinois, que Taiwan c'est chinois (et que les Taiwanais en sont contents), que le Xinjiang c'est chinois (et que ses habitants en sont contents), que le Tibet à toujours été chinois (et doit le rester, et que les Tibétains sont contents de cette situation). Comme si tout allait bien et que seulement nous les étrangers, nous ne comprenions rien à rien...  A les écouter, à lire ce qui est écrit dans les musées et leurs livres d'Histoire, la Mongolie était chinoise... et Gengis-Khan, il était quoi alors, chinois peut être???

J'ai vécu en direct la manipulation des esprits par les médias au sujet du problème sino-japonais pour quelques îles. A priori, personne n'en avait cure de ses îles mais après de fausses manifestations dans Beijing, un battage médiatique victimisant le gouvernement chinois et aliénisant le Japon, tout le monde se sentait comme spolié de ses propres terres. Impressionant! Je vous rappelle que j'avais eu une question dans une classe sur l'éventualité d'une guerre... Bien sûr, il n'existe pas de presse d'opposition et le great firewall empèche les Chinois de lire la presse européenne ou américaine.

La réalisation de ses rêves est encore "interdit" en Chine. La plupart du temps, les enfants ne choisissent pas leur avenir. [Au mieux,] ce sont les parents qui choisissent ce que feront leurs enfants, sinon, c'est le gouvernement...
Un système de bénévolat obligatoire existe. Il sert par exemple à faciliter l'obtention d'une carte d'étudiant dans une ville autre que celle d'origine, ou une carte de résidence... En Chine, "d'où vous venez" (dans le territoire chinois) est une information inscrite sur la carte d'identité. Et pour vivre ailleurs, il faut une carte de résidence...
C'est ainsi que beaucoup de "boulot" ne sont en fait pas rémunérés : contrôleurs dans les métros et autres contrôleurs (il y en a beaucoup), ballayeurs...

Et sans aller jusqu'à parler de Hong-Kong, il me semble que la Chine n'est ni plus ni moins qu'une zone d'échange économique, mais pas "un pays" et j'ai vraiment du mal désormais à parler de "Chinois". A mon avis, si ils ne veulent pas que la Chine explose d'ici quelques années avec la prise de conscience qui finira par arriver tôt ou tard, ils ont intéret à créer une sorte d'Etats-Unis de la Chine, qui pourrait alors inclure le Xinjiang, le Tibet, Hong-Kong et même Taiwan. Pour cela, il leur faudra transformer leur politique ultra centralisée de Beijing en un pouvoir fédéral.

Mais cela nécessite des préalables, respecter les droits de l'Homme, démocratiser leur système politique, libérer la presse, et assumer leur appartenance au monde capitaliste.

Malgré tout cela, j'ai aimé la Chine, grâce à la gentillesse de ses habitants et la très grande diversité de territoires, de culture, de cuisine!!!
Je recommande tout particulièrement le Yunan pour sa cuisine et ses paysages.

Au revoir territoire chinois et ses habitants,