Oulan-Bator et Stepperiders

Cela ne fait même pas 48h que je suis arrivé à OB, mais je suis déjà content de sortir de cette horrible cité, tant polluée. D'autant que c'est pour devenir volontaire dans un ranch pendant une dizaine de jour. Contre quelques coups de mains, et quelques cours de langues, je serai hébergé, nourri, je passerai du temps au grand air et pourrai monter à cheval. J'ai rendez-vous à 10h devant le BHV de Mongolie. J'y rencontre des touristes qui vont à stepperiders pour quelques temps. Beaucoup sont arrivés à OB en voiture avec le rally "caritatif" qui a lieu chaque année entre Londres et OB. Il y a deux Anglais, trois Argentins qui viennent passer une demi-journée et un Australien, Jack, qui souhaite rester quelques jours.

Quand on arrive, nous sommes accueilli par un petit déjeuné à l'européenne, thé/café/chocolat avec biscuit et pain plus confiture.
Je vais me présenter en cuisine car ils n'avaient apparement pas compris que j'étais volontaire. C'est bon, ils se souviennent de mes emails, sauf que je découvre qu'être volontaire est payant, 150$/semaine. Je ne pourrais donc pas rester 10j comme prévu initialement, mais seulement 1 semaine.

Je suis invité à monter à cheval cette première matinée, et à remettre mon aide à plus tard. D'accord!
Je ne suis pas un très bon cavalier mais, avec mon expérience au Kirghisztan, je fais parti des plus expérimentés. Les chevaux sont petits et nerveux. Ils partent facilement au trot ou au galop. Il est plutôt difficile de les retenir. Ce sera d'ailleurs pour moi l'occasion d'expérimenter le triple galop. Le moins que l'on puisse dire c'est que ça va vite! C'est littéralement décoiffant. J'en perdais mon chapeau.
Je découvre rapidement les talents de Pujee, le "horseman" du ranch. A distance, par la voix, il lance un par un chacun des chevaux au galop et peut les faire s'arréter. Incroyable pour moi, et pour tout débutant, qui a bien du mal à faire faire ce qu'il souhaite à sa propre monture :-)
On commence par un petit peu de marche dans les pentes des collines, le temps pour chacun de faire connaissance avec sa bête, et de rejoindre les steppes en contre-bas. Là, c'est le galop sur 2, 3 km. C'est grisant, ça fait même un peu peur la première fois.
Puis on rentre pour le déjeuner.

Je ne m'étendrai pas sur la nourriture car je crois avoir déjà laissé transparaitre à quel point je n'avais pas beaucoup apprécier la gastronomie (un bien grand mot) mongole. En revanche, je dois dire qu'Urna, la cuisinière en chef du ranch, est la meilleure cuisinière de toute la Mongolie.
Urna travaille ici et s'occupe du camp. Je suis donc là pour l'aider, pour la seconder. On deviendra rapidement complice et ami.

Le jour suivant, je pars avec Jack, un Coréen, Urna et un guide pour 24h en ballade. Jack restera avec le guide 2 jours supplémentaires. On part très tard, et on dresse le camp seulement 2h après être parti. On prendra le temps ensuite de rendre visite à une yourte où Jack pourra découvrir l'Ayrak, le lait de jument.
Le lendemain, on lève le camp vers 10h. On se sépare à 12h car le Coréen doit rentrer à OB et nous devons préparer le déjeuner pour le camp.

Les jours se suivent et se ressemblent. J'ai beaucoup de moment libre pour me promerner dans les hauteurs du camp, lire et me reposer. J'ai même passé 24h seul au camp, les autres étant retourner à OB faute de touristes.
Je suis monté à cheval en moyenne 3h par jour, avec des touristes de tous les coins de la planète. A la fin, je me sentais suffisament à l'aise en selle pour lancer mon cheval au galop et le diriger afin d'aider les autres à démarrer.

Quand je dois retourner à OB, Urna m'invite à dormir chez elle. Enfin, chez son grand frère, car finalement, elle vient tout juste d'emménager avec un autre grand frère dans ce que je pourrais qualifier de chambre de bonne (même si ça se situe à un rez de chaussée), ou il n'y a même pas d'eau courante à l'intérieur. Là-bas, je suis l'attraction de ses neveux qui veulent tous jouer à la boxe avec moi. Le lendemain, je vais me laver aux douches municipales. Après une semaine avec les chevaux, ça fait du bien de se sentir propre. Ensuite, on passe à l'université pour qu'Urna récupère des papiers. On y retrouve Migaa, un des guides de stepperiders que je n'avais pas vu beaucoup car il s'était blessé peu avant que j'arrive. Il se propose de m'héberger plus tard, quand je reviendrai de chez la mère d'Urna.

En effet, après l'université, nous partons pour Partizan, un petit village au nord d'OB d'où est originaire Urna. On va rendre visite à sa mère, et son petit frère, Tro, 10 ans, qu'elle n'a pas vu depuis le début de l'été.  Sa soeur, et son démon de petit garçon sont là aussi. Ce bambin est un vrai tyran, capricieux, et toujours à faire des bétises. A l'opposé, son jeune oncle, Tro, est gentil, serviable et curieux. Il essaie d'apprendre quelques mots d'anglais pendant le temps que je suis là.
Le lendemain matin, il va à l'école. En effet, si celle-ci ne reprend que lundi, ils fêtent la rentrée ce samedi matin. Nous en profitons, Urna et moi, pour aller rencontrer la directrice de son ancienne école qui accepte que j'intervienne la semaine prochaine. Urna me présente ensuite à ses anciennes professeurs d'anglais, qui parlent désormais moins bien l'anglais qu'elle. J'ai rendez-vous mardi matin pour rencontrer les enfants de l'école.
Avant de repartir pour OB, Tro veut me montrer son village depuis le sommet de la colline qui le surplombe.

Quand on arrive à OB, nous retrouvons Migaa qui m'emmène chez lui. Avant que sa mère ne rentre, je prépare le diner. Avec les ingrédients que j'ai sous la main (patates, carottes, oigon, riz) je cuisine un plov.
Tout comme Migaa, sa mère et sa soeur sont très accueillantes et d'une extrème gentillesse.
Les jours suivants, je vais à la poste, je m'occupe du site et je vais à la gare chercher mon billet de train pour rejoindre la frontière. En effet, comme je dois retourner à Partizan et intervenir ensuite à l'université d'Urna, il ne me restera que trois jours pour quitter le territoire.

Je retourne à Partizan seul, j'y retrouve la mère et le petit frère d'Urna. Le lendemain matin, Tro m'emmène dans son école. J'ai comme l'impression que la prof d'anglais avait oublié ma venue mais je suis le bienvenu quand même. Mauvaise nouvelle, une classe ne dure que 40 minutes. Autre (mauvaise) nouvelle, je ne rencontre pas des enfants mais des ados. L'école est à la fois primaire et secondaire. Tant pis, je m'adapte et j'oublie mon relais de dessins. Problème : ils ne parlent presque pas anglais, il faut tout traduire et je parle un peu vite pour la prof. Je dois ralentir et raccourcir mon exposé. A la fin, je n'ai pas l'impression d'avoir été à la hauteur. Je ne suis pas certain d'avoir réussi à faire passer mes messages et il n'y a pas eu de temps d'échange.
Surprise : j'enchaine avec deux autres classes avec une autre prof, puis une troisième avec la première prof qui revient les bras chargés de 43 dessins, et enfin une dernière classe avec la deuxième prof...
Je ne connais pas ceux qui ont dessiné mais à regarder les dessins, les enfants ont eu des explications sur mon projet.
J'ai clairment le sentiment de m'améliorer au fur et mesure des interventions. Je sais les mots et les idées qu'ils comprennent, ceux que je dois expliquer (et comment). Et j'arrive à les faire réagir pendant 10 minutes à la fin de chaque classe sur les questions environnementales, sur le monde et le voyage.
Finalement, il faut croire que je n'ai pas été si mauvais au début puisqu'à midi, quand les cours se terminent, une adolescente du premier cours, revient me voir pour me demander si elle peut participer au relais de dessins.
Je suis invité par les profs d'anglais à manger à la cantine avant de retourner à OB.

J'aurais dû retourner avec Migaa à stepperiders. (Mal)heureusement, je rentre trop tard de Partizan, il est déjà parti. J'attends donc 3h devant la porte de son appartement que sa soeur rentre. Si elle est surprise de me trouver là, elle n'hésite pas à m'inviter. Je reste chez eux jusqu'à mon départ. Je cuisinerai un gratin dauphinois que j'ai raté avec brillo (il ne faut pas de lait, que de la crème :-), un hachis parmentier et un gateau au chocolat. Elles sont ravies de manger français et de se faire servir. My pleasure!
Finalement, Migaa revient car sa blessure le fait encore souffrir et l'empèche de travailler correctement.

A cause d'un problème de communication je manque le cours d'anglais d'Urna à l'université. Tant pis, j'interviens dans une autre classe avec sa prof. A côté de l'école de Partizan, où la salle d'anglais était équipé d'ordinateurs pour les élèves et d'un vidéo-projecteur, l'université fait parent pauvre. Aucun ordinateur et encore moins de projecteur. J'essaie pour la première fois mon pico-projecteur mais la salle est beaucoup trop lumineuse pour lui. J'interviens donc sans support.
Cette fois, j'ai 1h30 et si les étudiants, en première année et pas loin du premier cours, ne parlent pas bien l'anglais, la prof le parle sans aucun doute mieux que moi. Ainsi, nous avons vraiment le temps d'échanger. Pas de dessins mais j'ai droit à une écoute très attentive. A la fin, elles sont plusieurs à dire vouloir voyager comme moi ; il n'y avait que des filles dans cette classe.
La prof me propose de faire une autre intervention juste après mais je suis déjà pris.

Je pars d'OB, en train de nuit, le vendredi 7 septembre à 16h et j'arrive à la frontière le samedi 8 à 8h, jour d'expiration de mon visa. Si cela ne m'a couté que 10.000 T (8€), je n'ai pu voir le Gobi. J'ai un petit goût de "revenez-y-bien-vite", j'ai très envie de voir le lac Kuvsgul, le désert de Gobi, et il sera intéressant de revenir dans 10 ans pour voir comment aura évolué OB.

Je suis aujourd'hui à Shanghai. Prochaine histoire : Yogo entre en Chine et crapahute sur la muraille...