Mon amie H est un sacré personnage, coréenne de naissance, iranienne de coeur, elle s'est installée ici à Chiang Rai pour ouvrir un restaurant Coréen. Elle est d'une gentillesse extrème et d'une hospitalité sans faille. Sa chambre, à l'étage du restaurant, elle l'a partage souvent avec des couchsurfers (CSers) comme moi.
Comme elle s'est vu mettre à l'écart de la gestion du restaurant par la famille du cofondeur, elle a beaucoup de temps libre et aime le passer dehors avec d'autres. Toujours de bonne humeur et souriante, et toujours prête à découvrir, on s'est bien amusé!
Tout de suite, je me sens bien ici. J'aime bien le rythme de vie. Comme elle se lève tôt, je ne me lève jamais tard. Pendant qu'elle se prépare, je mange mon petit déjeuner avant d'aller au café. Le café, mocha pour elle, et le temps de lecture de magazine pour elle et du Lonely Planet sur l'Iran pour moi, est un rituel quotidien sans faille. Puis vient le déjeuner qu'on prend souvent en ville, au marché ou dans une mama cantine. Je lui fait d'ailleurs découvrir le concept qu'elle adore immédiatement. Tous deux très gourmants, on recherche toujours un dessert, souvent à base de lait de coco. Et le soir, on regarde souvent un film après le diner sauf si j'ai une conversation skype avec la famille ou la compagnie des joyeux drilles de Rossetti, ou si je me suis lancé dans un scan complet de l'internet pour trouver des informations pouvant m'aider à décider de la suite de mon voyage.
Elle préfère que je conduise son scooter car elle n'est pas confiante de conduire un passager. Avec les bons conseils de Philippe et l'expérience acquise, je suis plutôt à l'aise. Je redécouvre un certain plaisir à conduire la moto, un plaisir que j'avais fini par oublié. J'étais toujours dans la peur et l'angoisse de l'accident, toujours dans la vigilance la plus extrème en découvrant chaque nouvel rue, chaque nouveau carrefour. Ici, c'est petit, je connais rapidement tout le centre ville, je peux donc anticiper sur les croisements et les feux. Quand on va visiter alentours, les distances sont courtes, on prend le temps. Le seul endroit où j'ai eu cette familiarité avec les axes routiers, c'était à KL, mais le traffic n'était pas le même, ici, c'est tranquille. Je me souviens que les moments que je préférais à moto, c'était quand je n'avais pas le sacs sanglé à l'arrière, mais qu'il était posé quelques part dans une chambre, et qu'on partait pour un petit aller retour. Bref, maintenant je sais que la moto, pour moi, c'est pour la campagne et les courtes distances :-)
C'est ainsi qu'au su de Chiang Rai, on va visiter la statue de Shinga, les amateurs de bières thaï sauront de quoi je parle, des plantations de thé, et de nouveau, le temple blanc.
Comme je m'en doutais, par beau temps, c'est différent. Il est d'un blanc brillant, éclatant même. Pour mes yeux très sensibles à la lumière, je ne peux pas le regarder longtemps, il m'éblouit.
C'est magnifique!
Toujours pas de moines par contre...
Pour m'aider à prendre une décision, H m'invite à rester chez elle jusqu'au 7 novembre. Je suis le bienvenu!
Je m'étais mis en tête de chercher une activité, un endroit où être volontaire pour 15j. Je suis allé me renseigner à l'Alliance Française qui se trouve à quelques pas de chez H. J'ai donc pris ma décision, je vais aller à la frontière renouveller mon visa thaï afin de pouvoir entrer au Myanmar à une date plus proche du 10 novembre, date supposée du lancement d'une ligne de bus pour l'Inde. Finallement, ni par l'Alliance, ni par internet je n'ai trouvé d'endroit où être volontaire pour seulement 15j sans avoir à payer pour mon don de temps et d'énergie...
En revanche, grace à Hanna, une stagiaire de l'Alliance, je vais enfin pouvoir réaliser mon projet en Thaïlande. Quand je voyageais en Thaïlande avec Philippe, c'était les vacances.
H me présente Eba, une polonaise qu'elle a rencontré via CS. Eba est enseignante d'anglais. Elle aime bien l'idée de mon projet et accèpte que je vienne dans sa classe aussi. C'est ainsi que je me suis rendu dans deux classes de français et une classe d'anglais dans deux collèges publiques.Les élèves posent très peu de questions. Mais ce qui m'embète beaucoup plus, c'est que pour la première fois, il a fallu que je demande le silence. Je n'en suis pas revenu. Les thaï sont les élèves les plus indisciplinés et agités de tous les pays que j'ai traversé. En y repensant, on m'avait avertit, on m'avait dit que depuis quelques années, l'école thaï copiait les USA en devenant ultre permissive. L'écolier a tous les droits et le prof est là pour "occuper/divertir" (le mot "entertain" en anglais serait le plus juste). Ajouter à ça que l'école est vue comme une contrainte par les thaï en générale, tant par les enfants que par les parents? Pour ces derniers, l'école, c'est la perte d'une main d'oeuvre gratuite, leurs enfants...
Bref, pas de respect pour l'institution qu'est l'école, donc pas de respect pour l'enseignant (pas même le faux respect du métier à "succès" car ce n'est pas très bien payé), et un système permissif, je me demande ce que ça va donner.
Par contre, je dois dire qu'ils parlent tous mieux l'anglais que moi au même âge ou même n'importe lequel de mes ex camarades... on a vraiment un problème en France avec les langues.
Et comme toujours, le relais de dessins plaît.
H a aimé l'idée de se rendre jusqu'à Chiang Khong en moto. Ainsi, le 24 octobre, avec un petit sac que je prends entre mes jambes sur la plateforme du scooter, nous explorons la campagne de Chiang Rai et nous rendons à la frontière avec le Laos. On souhaite éviter le grand axe et, sans trop se perdre quand même, suivre la rivière d'abord puis les petites routes. Sans cartes on s'est bien débrouillé, seulement un petit détour d'une quinzaine de bornes.
Il fait d'abord agréablement doux mais, très vite, les nuages nous surprennent et le vent se lève. Il fait alors bien plus frais et j'ai un peu peur de prendre la douche. Mais non, elle pleut (je sais que c'est "il pleut", mais c'est pas logique quand on y pense) devant nous, avant qu'on arrive, puis sur notre droite mais nous passons au sec. Quand je retrouve une bonne route, j'accélère un peu pour nous en éloigner et retrouver une température plus clémente. Et puis, a profiter de la rivière et des paysages, l'après midi est bien avancé déjà. On arrive à Chiang Khong à 16h. On trouve d'abord une guesthouse, un peu à l'écart du centre ville pour 100 bath le dortoire (3,5$), avant de nous ballader et de manger en ville. Je ne me couche pas trop tard car je suis un peu fatigué par les 100 km de motos et demain, je veux être dès l'ouverture à la frontière.
Quand j'arrive au poste frontière des départs, il y a trois personnes devant moi. Quand c'est mon tour, le douanier me donne un tampon de sortie du territoire Thaï. A l'alliance, ils m'avaient dit qu'eux, quand ils vont à la frontière du Myanmar, ils sont obligés d'entrer au Myanmar, mais moi, je veux essayer ce qu'il me semble logique. Je suis sortie n'est-ce pas? Je suis nul part certes, dans un No-man's-land, mais si je suis sortie, je dois pouvoir ré-entrer, non? Pourquoi devrais-je traverser le Mékong pour entrer au Laos, payer 30$ de visa laotien (perdre une page de passeport par la même occasion), resortir pour pouvoir enfin entrer de nouveau en Thaïlande.
Tout simplement, je traverse la rue. Le douanier du bureau des entrées refuse de tamponner sur la page ou il y a le tampon de sortie, mais sur n'importe quelle autre page, il est ok. Génial!
En 10 min, je suis sortie puis entrer en Thaïlande, en traversant la rue, et je peux rester de nouveau 15j dans ce pays.
Le ciel est pur, mais on nous annonce la pluie pour l'après midi. On file. On contourne les collines par l'autre côté. On passe un peu à travers aussi, ça monte raide et ça redescend en serpentant. Les champs de riz verdoyant, le ciel bleu azure et les quelques nuages éparses d'un blanc éclatant, quel beau tableau!
Pendant mon séjour chez H, la nourriture a occupé une place importante. J'ai confectionné quelques desserts, j'ai découvert un peu la cuisine coréenne, mais aussi iranienne (pain et fromage), et je lui ai fait découvrir la diversité de la cuisine thaï. Un jour, elle déide de préparer une quantité quasi industrielle de crème de haricot rouge. Du coup, elle doit pétrir et préparer beaucoup de Pao pour mon plus grand plaisir. Le pao est un petit pain asiatique fourré cuit à la vapeur (dans certains coin de chine ils sont appelés dumpling), sauf que moi je lui en faisais faire cuire la moitié au four. Ainsi, ils sont croustillants. J'aime bien aussi à la vapeur, j'en ange régulièrement depuis mon entrée en Chine, mais au four ça change :-)
Bien qu'on passait quotidiennement au vieux marché, on ne ratait pas le marché du samedi (Saturday market) aussi appelé "marché marchant" (de "Walking market"). Tous les samedi soirs, ils ferment une rue à la circulation pour pouvoir installer un immense marché. Ma rêgle : faire plaisir à son palais. Pas de "salé avant le sucré", pas de "attention à la friture ça fait grossir" (ou sucre)... on mange ce qu'on veut, dans l'ordre qui se présente ou qui nous fait envie, et dans la quantité qu'on veut, on finira les restes le lendemain.
Après le sud et l'est de la ville, on s'intéresse au Nord de Chiang Rai. D'abord la visite d'un site d'exposition d'art permanent d'un riche artiste situé juste à la sortie de la ville. De grands batiments très austères, tout en bois et peint en noir abrite une exposition macabre d'ossements, cornes et plumes, des sortes de trophés de chasse. Je n'aime pas trop mais c'est original et intéressant. Je trouve que c'est triste, lugubre et morbide. Je trouve H bien gentille d'emmener chaque CSer ici car elle doit donc le revisiter aussi.
On essaie aussi d'aller à des cascades avec Eba et une amie à elle. Je dis bien "essaie" car les filles étaient terriblement en retard et nous partons à 15h, et, quand à 16h30, à une demi heure de la nuit, au milieu de nul part, sur une route toute défoncée, tellement pentue que les passagers doivent parfois descendre, nous faisons demi tour. Cela dit, on rentre bien content de cette magnifique escapade. Je ne me lasse pas de cette verdure eclatante que sont les champs de riz. Tant pis pour la cascade.
On se rend aussi à des jardins royaux, mais j'ai pas bien compris ce qu'il y avait d'extra. Encore une fois, c'est plus le trajet à moto sur les routes sinueuses à flanc de collines, offrant des vues grandioses, qui m'a plu, que la destination, aussi tourisitque soit elle.
Il en va de même lorsqu'avec deux autres CSers, Lee, anglais, et Jessica, espagnole, on décide d'aller à Mae Salong. On prend d'abord un bus pour les premier 40km sur le grand axe routier puis on fait de l'autostop. Il n'y a pas beaucoup de passage et on met donc du temps à monter. Arrivant tard, on n'a pas beaucoup de temps pour visiter et on se dépèche de repartir. On rentre en ville à 19h. A l'exception d'un petit moment de stress au retour, on s'est drolement bien amusé.
Un jour que j'accompagnais H dans un super centre commercial, alors qu'on entrait dans une librairie, j'entends quelqu'un qui m'appelle dans mon dos, "Hey, Yogo".
Je me retourne, à la caisse, un chinois. Un chinois... je le reconnais, c'est mon ami, le jeune chinois de mongolie intérieur, l'étudiant qui m'avait hébergé deux nuits à Jinghong (ville très proche de la frontière avec le Laos), l'autodidact qui parle le Laos courament et qui avait appris l'anglais auprès d'un canadien venu étudiait à son université pendant un an... mais là, problème, et ceux qui me connaissent le savent... c'est quoi son nom déjà? Déjà que j'ai du mal avec les noms à consonnance européenne, alors les noms chinois. Comme toujours, situation des plus embarrassante dont je me sors toujours je ne sais comment. "Han Fei, mon cher Han Fei! Comment? Quoi? mais qu'est-ce que tu fais là bon sang?" Je savais que depuis 6 mois il travaillait au Laos, et j'avais voulu passer le voir mais, au moment ou Philippe et moi voyagions, l'accès à sa ville était inaccessible aux motos. Il s'avère qu'un gars de sa compagnie est malade et que le meilleur hopital le plus proche, c'est celui de Chiang Rai. Comme les chinois (l'entreprise est chinoise bien sûr) ont des passes partout dans la région (ils sontt le moteur économique), ils font l'aller retour facilement. Et comme, Han Fei parle courament le Laos (très proche du Thaï) et un peu l'anglais, il est précieux. Il est chauffeur/traducteur.
C'est marrant quand même que sur 1 milliard et demi de chinois, ce soit Han Fei que je croise en Thaïlande alors qu'il travaille au Laos.
Le monde est petit. Plus je voyage est plus cette phrase a du sens. Il y a bien un gars qui a mis le pied dans tous les pays du monde en seulement 5 ans. [Un record que seuls ceux qui accordent de l'importance au performance aprécieront. Il n'a pas du découvrir grand chose le pauvre, si ce n'est les bureaux des ambassades et des agences de voyage.]
Le jeudi 7 Novembre, je me lève à 6h, et H m'accompagne au sud de la ville pour que je puisse partir en autostop. Je suis pris d'abord par deux jeunes qui vivent à Chiang Mai, puis un businessman qui doit être demain à Bangkok, puis par un éleveur de cochon qui m'emmène jusqu'à Tak, jusqu'au croisement pour Mae Sot, la ville frontière d'avec le Myanmar, et finalement, trois commerciaux m'emmènent jusqu'à ma destination.
Je cherche le temple le plus proche du poste frontière. C'est ainsi que pour la première fois de cet épisode thaï et pour ma dernière nuit en Thaïlande, je demande une fois de plus l'hospitalité aux moines. Aux gamins moines d'abord qui m'expliquent que les vieux vont revenir, et plus tard en effet, aux doyens.
Je mange une dernière fois thaï et achète un kilo de mangue pour mon petit dèj. Quand je vais me coucher, il me reste 5 bath.
Demain, est un autre jour, le début d'une nouvelle aventure, dans un nouveau pays, dans un autre temps. J'ai lu que ce voyage était aussi un retour dans le passé. Je trouve ça un peu excitant, même si pour les habitants, ça ne doit certainement pas l'être.
[J'ai écrit quelques cartes postales depuis Yangon.
Prochaine destination l'Inde. Si vous voulez une carte postale depuis ce pays, depuis Calcutta ou plus tard New Delhi, faites le moi savoir. Les résa pour Dacca (Bangladesh), Katmandou (Népal) et Colombo (Sri Lanka) sont ouvertes aussi. Je prends note.]
Commentaires
merci encore pour ce partage, me voila comme partie en voyage ce matin grâce à toi! je lis en ce moment "L'odeur de l'Inde " de Pasolini, un court récit où il relate les impressions de son premier contact avec ce pays en 1961. J'ai hâte d'avoir les tiennes! Bisous, bonne route et à bientôt!
Content de savoir que j'ai pu t'être utile pour la suite de ton voyage. Une petite carte d'Inde me ferait bien plaisir, je te laisse le choix de la ville. N'oublies pas d'en profiter pour déguster leurs thés parmi les meilleurs qui existent notamment les Darjeeling de printemps. A moins qu'en bon gaulois tu ne préfères le gros rouge qui tache ! Bonne continuation et bonjour à Thyl.
Bises. Xavier
N.B. : ce commentaire doit se placer en fin de l'article Myanmar n°1 mais je n'ai pas trouvé l'offre "laisser un commentaire"... Love
@Isabelle : merci pour la remarque, je n'avais pas encore ouvert la section Myanmar aux commentaires.
Oui, je suis d'accord, le Myanmar est magnifiques! Et les gens sont adorables. J'espère pouvoir y retourner un jour, un jour quand ils seront libres. Thyl est avec moi à Guwahati. Nous sommes arrivés ce soir. Bisous.
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.