Je quitte le Laos après avoir refusé de payer un bakchiche pour un tampon de sortie... décidément, je n'aurais pas eu de chance avec ce pays... peut-être avais-je d'autres préoccupations, peut-être n'étais-je pas bien réceptif, toujours est-il que j'ai l'impression d'être passé à côté de ce beau pays.
Pourvu que nos motos passent la frontière...
D'abord, un bakchiche médical (prise en charge des soins gratuits par la suite, mais oui, bien sûr :-). Mais bon, il a pris ma température, il m'a donné des conseils basiques de santé, je paye donc le dollar symbolique. Ensuite, il faut aller faire vérifier nos motos à la douane. Pour vérifier, le douanier vérifie juste dans son cahier si les motos malaisiennes sont autorisées (les motos thaï ne le sont pas), et avec un sourire, il nous dit d'aller faire notre demande de visa.
Euh, oui, d'accord... mais, serait il possible d'avoir un papier qui atteste de quelque chose quant à nos motos???
Que Neni.
Le visa se passe bien, il coûte 25$.
On repasse une deuxième fois demander au douanier une attestation comme quoi on est bien entré sur le territoire cambodgien, et ce légalement, avec des motos qui ont bien le droit de circuler au Cambodge... rien! Ca sent bon pour les futurs flics corrompus qui vont jouer avec ça. Passons.

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Avançons.
Nous faisons étapes à Stung Treng, première petite ville cambodgienne, à 50 km de la frontière. Après quelques tours en ville à la recherche d'une guesthouse, Catherine, une journaliste belge, nous en indique une bien. Nous dégustons des noix de coco ensemble pour démarrer la soirée.
Catherine, à vélo, se rend au Laos demain. On en profite alors pour s'échanger les astuces et trucs à faire dans les deux pays.

DSCN8829Notre première véritable étape au Cambodge est Kratie, une grosse ville au bord du Mékong. Nous prenons une journée pour découvrir la ville et ses quelques batiments coloniaux (malheureusement souvent cachés par les fils électriques...), et découvrir alentours, les vues sur le Mékong, un beau temple et quelques spécialités culinaires (riz collant cuit vapeur dans du bambou, banane en riz collant cuit, enveloppé dans une feuille de bananier, sur la braise). On profite de cette journée pour changer nos pneux avant, qui commençaient à être drôlement usés par les mauvaises routes. J'oubliais de préciser que la route entre Stung Treng et Kratie est une des pires que nous ayons trouvées sur notre chemin.
Je mange un Lak Lok, du boeuf mariné délicieux. Enfin! Je prends plaisir à retrouver de la cuisine bonne et variée qui rentre dans mon petit budget. Je me régale aussi de beignets de poisson, et de porc à l'ananas.

DSCN8865Le 8 juin, nous nous rendons à Sen Monorom, la capitale du Mondulkiri. Cette région du Cambodge nous surprend par la mixité entre sa végétation luxuriante de la jungle basse, et ses collines d'herbes grasses et de pins qui abritent des troupeaux de ruminants. J'ai un peu l'impression d'avoir franchi un portail spatio-temporel...

Pour nos anniversaires (Philippe le 17 et moi le 20), nous pensions aller faire un tour à "Elephant Valley Project", qui se vante d'être le seul endroit à prendre véritablement soin des éléphants. C'est un peu comme un refuge. Les éléphants y sont recueillis, surtout les vieux et les traumatisés par leur méchant ex Mahout (maître), soignés, nourris et bichonnés (pas trop car il faut leur donner l'espace de la nature!). DSCN8879En fait, pour 30$, vous pouvez passer une demi journée à regarder les éléphants faire ce qu'ils veulent (ou ne rien faire), vous n'avez pas vraiment le droit de les approcher et en aucun cas de les monter, et l'autre demi journée est reservée à du travail volontaire (comprendre jardinage et autre travail de la terre, ou pour les éléphants). Pour 60$, vous pouvez observer les éléphants toute la journée (sans travail volontaire)... et puis si vous voulez rester le soir, il y a de la place pour dormir... mais c'est payant (et ce n'est pas donné).
Mis à part le prix, j'avais très envie d'y aller et de m'offir cette journée. Surtout que sur le site internet, il recommande de ne surtout pas faire de randonnée à dos d'éléphant car les Mahouts ne prennent vraiment pas soin de leurs animaux et ne les ménagent pas (travail dur aux champs...). Si vraiment on y tient, il faut s'assurer que l'animal va bien, en vérifiant une série de preuves de bons ou mauvais traitements. Pour en savoir plus, vous trouverez les infos sur leur site grace à votre moteur de recherche préféré.
En effet, je ne tiens pas à leur faire de la publicité car il y a polémique...

DSCN8895Les Mahouts, majoritairement Phnom (la minorité du Cambodge) et non Khmer, vous disent qu'un éléphant vit longtemps, qu'ils ont grandit avec lui, que ça coûte cher, que c'est précieux et qu'il est ridicule d'envisager ne pas en prendre soin. C'est leur bien le plus précieux, pour ceux qui en ont, et c'est un membre de la famille.
Pour autant, il ne nie pas qu'avant, pour obtenir un éléphant, ils se servaient dans la jungle. C'est interdit de nos jours d'attraper un éléphanteau sauvage. Ils ne se défendent pas de la maltraitance nécessaire, à l'époque, pour soumettre cette bête sauvage. Pour la maîtriser, il fallait en effet, affaiblir le bébé éléphant en ne le nourissant pas dans un premier temps, puis pour le dresser, il fallait le (re)tenir par une chaîne avec un anneau à l'oreille. Ces pratiques ne sont évidemment plus d'actualité puisque les futurs éléphants dressés seront forcément nés en captivité, et donc habitués à l'être humain.
Là, il vous relance sur l'importance de la place de l'éléphant pour une famille Phnom. C'est une grande source de revenu, surtout lorsqu'il sert pour une ballade avec les touristes. Du coup, les Mahout préfèrent cela à devoir travailler, et faire travailler leurs éléphants, aux champs.
DSCN8912Si les touristes ne veulent plus se ballader, c'est une activité en moins pour les Mahouts, qui vont alors revenir à des labeurs plus pénibles, pour eux et pour leur animal.
L'Anglais qui a créé le Elephant Valley Project est alors décrit comme un profiteur. D'ami, qui dans un premier temps autorisait lui aussi la randonnée à dos d'éléphant, et donc louait les services des Mahouts, il est devenu ennemi, en concentrant tous le flux de tourisme chez lui. Ne pouvant louer plus que des vieux éléphants, il ne peut pas les faire monter, d'où, il aurait trouvé cette astuce de dire qu'il est le seul à "protéger les éléphants". Avec sa capacité financière, il est bien le seul à s'offrir de la publicité et à avoir un site internet. Dans un lieu clos, les éléphants du projet, à la différence des éléphants de village, ne pourraient pas se rendre librement dans la jungle...
La communauté Phnom voudrait faire un recours en justice mais, contre le pouvoir de l'argent dans un système corrompu, elle se sent mal défendue...

Qui croire, que faire? Je laisse les prochains touristes, les prochains voyageurs résoudre ces questions par eux même. Malheureusement, les guides comme le Lonely Planet ont déjà pris parti.

DSCN8938Pour notre part, nous décidons de nous joindre à Claire et Elodie, deux Françaises de 23 ans, qui voyagent en Asie pendant 6 mois dont 4 déjà passés dans un orphelinat Indien, et Elizabeth, une Danoise de 21 ans, qui voyage pendant 5 mois en Asie (Inde, Népal, Vietnam, Laos et maintenant Cambodge). Elles partent pour deux jours de randonnée avec guides.
Le premier jour, nous marchons dans la jungle. Nous descendons jusqu'à une cascade où je me suis baigné (puis douché), vaillamment apparement puisque je fut le seul :-)
La remontée fut longue et difficile, non pas tant à cause de la pente, qui était tout de même non négligeable, mais surtout à cause de la chaleur accablante et des rayons mordants du soleil. De retour dans les "alpages", nous retrouvons les vaches... et nous avons la chance d'assister, entièrement, à la mise bas d'un petit veau. Nous nous asseyons pour qu'elle se sente tout de même en sécurité devant toutes ces paires d'yeux curieux. La nature fait bien les choses, l'animal le plus végétalien du monde, la vache, fait une entorse à son régime alimentaire, et devient carnivore le temps de la naissance. Elle mange le placenta pour récupérer rapidement les forces perdues pendant la mise bas. Incroyable, non? Le petit n'eu besoin que de 30 min pour se tenir sur ces pattes.
P6091716 PhilippeLe soir, nous dormons chez l'oncle de Polêt', notre guide Phnom. Nous sommes accueillis par les rires des enfants du village, et le sourire des mamans qui se réjouissent de nous voir danser la ronde et un peu n'importe quoi avec leurs enfants. Merci petites filles et petits garçons de nous avoir laissé entrer dans vos jeux et vos danses. Nous nous sommes bien amusés, et c'est mon meilleur souvenir de cette journée.
Une fois les enfants couchés, et après une soupe de fourmis (si si, bien fraîches, tout juste cueillies le jour même sous mes yeux), les pères nous accueillent à l'alcool de riz, ce qui aide à se comprendre sans l'anglais. Toutefois, ici on respecte le sommeil et on se couche au plus tard à 8h30. Il vaut mieux bien se reposer pour être en forme pour le lendemain.

DSCN8972Après une bonne nuit en hammac matelassé, et un petit déjeuner à 7h de pain et confiture, nous rencontrons notre destrier, Nong Chill, une éléphante qui appartient à Tamoune, son Mahout. Qu'elle est grande! Quel long nez! et quels petits yeux... Je suis excité comme un gamin qui va au cirque. Je vais monter à dos de néléfant :-)
On s'installe d'abord à deux dans la nacelle, mais très rapidement, je passe devant, à cru bien installé sur le cou de Nong Chill. Je ne vois pas le temps passer, je m'occupe à défendre mon éléphante qui se fait agresser par les monstrueux tants. Je ne fais pas attention à la chaleur, je rêve, je suis en ballade à dos d'éléphant!
Arrivés à la rivière, on libère les éléphants pour qu'ils puissent aller se nourrir dans la jungle. Nous suivons nos guides jusqu'à leurs champs où nous les aidons à planter du riz, en attendant le repas de midi. Armé d'un bâton dans chaque main, quelques uns passent devant pour faire des trous. Nous suivons avec un bambou rempli de grains, et nous en semons quelques un dans les trous avant de reboucher.
DSCN9066Après une bonne soupe de bambou, nous partons retrouver nos éléphants pour les laver à la rivière. Tamoune demande à Nong Chill de se coucher dans l'eau. Elle s'allonge sous l'eau, on ne voit plus qu'un seul oeil et sa trompe qui l'aide à respirer. On frotte, on frotte, elle est pleine de boue, et puis pour caresser un éléphant, pour qu'il le sente à travers son cuir, il vaut mieux être un peu ferme. Le retour, en nacelle, dans la côte, est plus impressionnant, j'ai un peu peur de tomber.
Quelle belle journée!

Le lendemain, petite journée repos. J'en profite pour faire traduire mon document magique en khmer et pour acheter un vêtement traditionnel Phnom pour ma nièce qui aura bientôt un an. Bon anniversaire Dadou!

DSCN9102Avant de visiter Phnom Penh, nous souhaitons aller faire un tour du côté de la mer. Ce furent trois jours de route assez pénibles à jouer à éviter la pluie. La pire portion de route fut les 25km au nord de la capitale, une vraie horreur pour les machines et pour nos dos. On arrive à Kampot sous les coups de midi le 15 juin.
Une anecdote sympa tout de même : un soir qu'on se rendait au marché pour aller manger, en sortant du temple où nous allions dormir, un Cambodgien nous a pris en stop à moto. Cette seule fois sauve le Cambodge du triste prix du "pays ou je n'aurais pas fait d'autostop".
On n'a pas de chance ici (et cette fois seulement depuis le début), il pleut tout le temps, et tout ce qui est conseillé à faire, est fermé. Pas de massage, pas de concert à l'école de musique. Du coup, on passe notre temps à essayer les restos de la ville et on goutte à de nouvelles bières. La black panther est notre préférée, bien glacée, c'est une excellente brune.
DSCN9183Le 17, pour l'anniversaire de Philippe, on décide d'aller à Kep, une ville balnéaire. On s'y rend en bus car la route est mauvaise et boueuse à cause de la pluie qui ne cesse pas, et le stop ne fonctionne pas. Là bas, la pluie s'arrète. On peut donc marcher le long de la mer. J'invite Philippe à manger une pizza. Le lendemain, je regrette presque de n'avoir pas pris mon maillot de bain. En effet, nous avons droit à un magnifique soleil et un beau ciel bleu. Mais bon, de toute façon, avec la crise d'eczema que j'ai eu cette nuit, ça n'aurait pas été agréable... Tant pis, la mer, ce sera pour la Thaïlande.
Un seul repas ce jour la, un énorme poisson chacun pour seulement 2$. Il était tellement gras que Philippe ne peut pas finir son riz. On rentre à Kampot et le lendemain, si la météo est avec nous, on arrivera à Phnom Penh.

Je me plongerai alors plus profondément dans l'histoire et la culture du Cambodge, des Khmers.

Commentaires   

+1 # Dom 23-08-2013 00:08
bonsoir Yogo, je, lis avec tant de plaisir ton voyage qui me fait voyager aussi. ton discours est toujours inintéressant. Ta démarche est tellement riche. Tu poses les bonnes questions, tu es pour moi une bouffée d'oxygène, et tu me fais rêver; j'attends tes commentaires avec impatience et je lis cela comme une histoire qui se suit. Merci de nous faire partager cela et de nous transporter dans ton sac à dos.
Dom, une amie de tes parents (si super)
# Yogo 23-08-2013 04:38
@Dom : Ca me fait toujours plaisir de savoir que mes aventures sont lues et qu'elles plaisent. Merci. Un second article sur le Cambodge devrait arriver sous peu. Ensuite, je vais écrire un article sur mon retour en Malaisie. Aujourd'hui, je vends ma moto et je prépare la suite de mon voyage, "comment me rendre en Inde?". A bientôt,