Je sors de Chine pour entrer au Laos le mercredi 5 décembre...

J'écris cet article le jeudi de la Saint Valentin, le 14 février, chez Baloo, un ami que j'ai rencontré grace à CouchSurfing, à Kuala Lumpur, la capitale de Malaisie. Il pleut dehors, du coup, dedans, on profite presque d'une petite fraicheur que d'habitude le ventilateur a du mal à nous apporter. Annie est sortie manger son petit déjeuner, pourtant, il est 17h. Allez donc savoir à quelle heure elle a arrété de travailler sur sa licence  d'histoire de l'art la nuit dernière. Dans l'autre pièce, trois Malais dont je ne connais pas les noms ne semblent pas arriver à s'arréter de rire. Je suis dans le salon car la pièce qui était ma chambre les mois précédents est aujourd'hui occupé par une couchsurfeuse d'Indonésie, absente pour le moment, elle n'est pas encore rentrée du travail.
Philippe est en vadrouille avec sa Valentine, il revient demain. Et Baloo dans tout ça, comme d'hab, il rend service. Sa boîte lui avait donné la semaine complète du nouvel an chinois comme vacance, mais ils l'ont rappelé pour une intervention dès aujourd'hui. Et alors qu'il était de retour chez ses parents, il est rentré hier...
Vous l'aurez compris, Baloo, c'est l'incarnation humaine de l'ours du livre de la jungle, un gentil! Et chez lui, c'est l'auberge espagnole!

Reprenons donc le fil là où je vous avez laissé, quelque part entre la Chine et le Laos, à un poste frontière où d'un côté, tout est immense, rangé, ordonné, impressionnant pour ne pas dire ridicule et où de l'autre côté, ce sont les poules qui vous accueillent et vous tiennent compagnie pendant que vous patientez deux heures que le seul gars habilité à délivrer le formulaire de visa aux étrangers, mais qui ne parle pas anglais pour autant et qui ne le remplit pas à votre place, revienne d'une pause quelconque. Bonne entrée en matière pour se faire au nouveau rythme du métronome qui pulse en Asie du Sud Est. Adieu la Chine!

Une fois mon passeport décoré d'un nouveau papier pourpre et d'un tampon vert, j'avance! Il n'existe pas beaucoup d'autre possibilité. Je ne peux pas reculer, derrière moi, c'est la Chine que l'on pourrait assimiler à un ravin tellement il est inenvisageable qu'elle accepte de me revoir immédiatement, à gauche et à droite, immédiatement après la bicoque du poste frontière, c'est la jungle, vous savez, celle que l'on dit impénétrable. Ça y-est, je sais ce que ce mot signifie, IMPÉNÉTRABLE. C'est un peu comme un mur vivant, un mur vert et marron qui te laisserait croire qu'il n'est pas plein, qui te laisserait croire que tu peux passer à travers en te laissant entre-apercevoir quelque chose plus loin. Cependant, gare à ceux qui s'y risquerait seul!  je passe mon chemin et reste sur le goudron. Peu après, il y a un village-rue de 150m de long où je peux changer mes yuans (avec un taux plus avantageux que celui du marché). Je marche encore un petit km sous le soleil de plomb des tropiques avant qu'un camion ne me prenne en stop. Il m'emmène à l'intersection d'où je pourrais rejoindre la capitale, Vientiane, lui part à droite, à la première ville. Enfin, c'est ce que je comprends de ce que me dit le chauffeur chinois.

DSCN6562J'attends quelques heures. Il y a très peu de circulation. Soudain, un, deux, trois camions surgissent. Zut, personne ne me prend. 10 min, et d'un coup, un, deux, trois camions me passent devant sans s'arréter, zut, zut et re zut. Encore cinq minutes et ça recommence, un, deux... et il s'arrète!
- Vientiane?
Il me fait un un signe de monter!
Li Tsu Yuan, un camioneur chinois m'accepte dans son camion. Je fais partis du convoi!
Je passerais un peu plus de 40h avec ce Chinois qui me fera traverser un peu plus des deux tiers du pays, tout frais payé, toujours invité par l'un des chauffeurs du convoi. Ils viennent de Kunming en Chine et transportent du matériel nécessaire pour l'agrandissement de la cimenterie du Laos. Le premier soir, on s'arrète près d'un bar pour boire un coup. Les chauffeurs ne parlent pas le lao, les Laotiens ne parlent pas mandarin. Je suis le seul à pouvoir communiquer en anglais avec Wu, le fils des patron, un jeune Laotien de 17 ans qui éudie l'anglais en sus de ses heures de cours à l'école. Après quelques verres, il me demande "do you want a girl?". Là, je repense au seul panneau d'affichage qu'il y avait accroché à la bicoque qui sert de poste frontière, expliquant aux rares touristes, que le tourisme sexuel, c'est mal. Et le gamin de 17 ans qui se la joue maquereau avec les serveuses de ses parents... ben le Laos ferait bien de faire de l'éducation sexuelle au sein de ses écoles aussi....
DSCN6595L'après midi du second jour, on s'arrète se baigner dans un bassin d'eau chaude (source chaude). Instant de repos pour se ressourcer de la fatigue du voyage et se laver de la poussière de la route. Car de route, il n'en existe que le nom, c'est plutôt une succession de trous entourés d'un peu d'asphalte et/ou de terre.
Le long de la route, j'ai pu voir que chaque village a en général un ou deux points d'eau ou tout le monde vient faire sa toilette, à tour de rôle, en plein air.
Le second matin, on arrive à la construction à 8h30, et après un rapide pti'dèj, c'est le moment de se dire au revoir.

DSCN6597Je trouve rapidement un camion, conduit par un Laotien cette fois, qui sortaient de la cimenterie. Il parle anglais, il va à Vientiane et il s'appelle Oui! Je suis invité à manger laotien avec lui, chose que je n'ai encore pas faite puisque j'étais avec des Chinois, chez sa soeur.
Malheureusement, on est vendredi, et il est 14h quand on arrive à Vientiane. D'après lui, et mon expérience, ça veut dire qu'il ne me reste pas beaucoup de temps pour passer la frontière et entrer en Thaïlande ou alors, ça ne servait à rien d'aller si vite car je serai bloqué jusqu'à lundi... Un petit coup de taxi/bus/tuk-tuk et je suis à la frontière où j'apprends que non seulement, elle ne ferme pas le week-end mais en plus, elle est ouverte jusqu'à 22h tous les jours de la semaine... :-(

DSCN6605M'enfin! me voila en Thaïlande, à Nong Kai. Après avoir cherché où changer ma monnaie, sans succès, je retire des sous locaux! Puis, je cherche un endroit où dormir. Zone frontalière, tout est cher. Je me fie à mon flaire et je rentre dans le jardin d'une grande maison. Je cherche quelqu'un, j'appelle, on vient. Une demoiselle qui me dit d'attendre. Elle crie "BumDog!", sans doute le patron.
Non, je vois arriver quelqu'un au balcon d'une démarche bien particulière, plutôt je devine que c'est quelqu'un mais je ne peux pas le voir, il fait nuit et il est... NOIR, un vrai, avec les cheveux crépus, ici, à la frontière du Laos et de la Thaïlande, qui sort d'une maison improbable et qui s'adresse à moi dans un anglais impéccable, j'en reste sans voix. BumDog est un sans-abris de Los Angeles qui roule sa bosse un peu partout ou le vent le porte. il a atterri ici un an plus tôt et est donc en totale situation irrégulière. Il n'a pas payé son loyer depuis quelques mois déjà mais le patron est cool alors que je dorme une nuit pour quelques sous, ça ne pose pas de problème. Il est écrivain et réalisateur de la rue, son théatre, son atelier et son décors. Merci BumDog! J'espère qu'on se reverra.
Il n'a malheureusement pas de blog.

DSCN6611Le lendemain, journée d'autostop brut, de Nong Kai à Bangkok, un peu plus de 700km. Faut dire que la route est une autoroute, rien à voir avec le Laos. On est de nouveau en Chine ou quoi?
D'abord un camionneur puis un frère et une soeur avant qu'Ek, directeur de l'hôpital de Nong Kai, m'emmène sur 200 km non sans m'offir le déjeuner et m'inviter à venir chez lui quand je serai de retour à Nong Kai. Je termine avec deux filles qui m'emmène jusqu'à l'aéroport de Bangkok.
DSCN6620Je redécouvre l'intérêt des aéroports : toilettes propres et gratuits, bancs pour dormir, lieux climatisés, et wifi à proximité (McDo...). Le lendemain, je suis hébergé par James, le tenancier d'un café que j'ai pu contacter grace à CS. Il accepte toutes les requêtes en urgence, mais en contre partie, il demande une contribution si on reste plus d'une nuit. Comme c'est raisonnable, je reste deux nuits pour recharger les batteries et m'acclimater à la chaleur et à l'humidité ambiante. Avez vous déjà imaginé ce que peut ressentir un glaçon quand il fond, ben désormais, je compati avec tous les glaçons du monde qui sont sortie du congélateur!

DSCN6625Le mardi 11 décembre, je prends deux bus pour sortir de Bangkok et dois marcher 500m avant d'atteindre une station essence où je décide de démarrer le stop. Je suis en nage, mon Tshirt est trempé, on dirait que je sors de la piscine après qu'un ami m'ait poussé dedans tout habillé.
Le stop démarre grace à un jeune couple de "hippies", puis je suis pris par Son et Manu qui rentrent chez eux à Bukket où ils m'invitent à venir passer quelques jours lors de mon prochain passage en Thaïlande. Encore un van de jeunes avant d'arriver à Thung Song.

DSCN6628Là, je rencontre le frère de Jane. Ne parlant pas anglais, je communique avec sa soeur par téléphone, et c'est par téléphone qu'elle m'invite à dormir à l'hôtel cette nuit, gratuitement car ils ne veulent pas me savoir dehors, seul. Son frère m'emmène donc à ma chambre, un drôle d'endroit, genre parking, entouré d'abri pour ranger sa voiture, avec au fond un accès à une chambre avec salle de bain privative. Avant de partir, il m'offre à boire. Depuis, je suis en correspondance avec Jane, qui vit depuis quelques années en Suède et qui était de retour en Thaïlande car sa mère était hospitalisée (elle va mieux maintenant).

DSCN6629En une voiture familiale et un camion, je suis à la frontière malaise, sauf qu'à cause d'une méconaissance des lieux et une incompréhension avec les chauffeurs, j'arrive au mauvais poste frontière. Du coup, je galère pour rejoindre l'axe principal. Une fois sur l'axe principal, et après avoir rencontré des gens bizarres qui m'ont demandé si j'avais un flingue, des drogues, si je faisais de la magie noire, un Indien m'a emmené jusqu'à Georgetown, la ville principale de l'ile de Penang.
A Penang, habitent Marco et Kit, vous vous souvenez, le couple italien/malaisiène que j'avais rencontré à Urumqi, qui a fini son voyage vers l'Italie entièrement en stop après l'avoir expérimenté une semaine avec moi. Dernière étape avant Kuala-Lumpur (KL), ma destination, mon point de chute pour les mois à venir.

DSCN6660Pour ma dernière journée d'autostop avant de long mois, a priori, j'ai eu une chance incroyable, j'ai rencontré Vincs Huang, non pas qu'il soit hyper ultra connu mais c'est un gars d'une gentillesse extrème et qui a beaucoup de don à partager. Ancien chanteur de pop, il est désormais professeur et directeur d'une école de musique, il est aussi critique de cuisine, à l'occasion juge de compétition et parfois aussi guide touristique. Il connait tout sur la Malaisie et la Thaïlande. Alors qu'il doit se rendre à KL pour ses cours, il fera des détours en chemin pour me raconter des parties d'Histoires de la Malaisie et me faire goûter telle ou telle spécialité locale (dont les Pau, pain vapeur fourré au poulet, aux pois rouges ou à la kaya, confiture de noix de coco). DSCN6684Une fois à KL, il fait un détour pour m'emmener au rendez-vous que j'ai avec une amie de longue date qui finalement ne pourra pas se rendre disponible et se décommandera pour m'héberger. Vincs me propose alors de dormir dans son école de musique pour ce soir. J'aurai donc droit à encore plus de découverte gustative (dont les  tosays, brochette de poulet grillé avec sauce cacahuète et coco).
Le soir même, j'ai une réponse de Baloo qui accepte de m'héberger en urgence. Le lendemain, avant de retrouver Baloo en soirée, Vincs me conseille, plutot que d'aller en centre ville, d'aller visiter Pulau Petang (île aux crabes) car c'est près de l'école de musique, et l'appart de Balloo est à mi chemin entre l'école et le centre ville. Pulau Petang est une île de pécheurs où les engins à moteurs (thermique) sont interdit : tout le monde à pattes ou en byciclette! Tout est construit sur piloti, on marche un coup au dessus de la boue, un coup au dessus des flots, tout dépend de la marée.

Après plus de 4000km d'autostop en 15j, de Hong-Kong à Kuala-Lumpur, je vais pouvoir me reposer un peu, non?

DSCN6696Baloo est adorable, il me fait visiter la ville à moto, toute une journée, et même by night pour aprécier les lumières mais il s'excuse de devoir travailler le lendemain et de ne pouvoir me montrer Bathu Cave... Chez Baloo, j'ai rencontré Jo, une CSeuse anglaise qui a voyagé un an en Australie mais qui, à quelques jours de Noël ne rêve que de rentrer à la maison. Moi je ne sais pas encore où je passerai Noël mais ce sera en Malaisie et avec mes parents. Ils viennent me rejoindre pour les vacances de Noël. D'ailleurs, il faut que je m'occupe de préparer notre petite virée!
DSCN6697Pour ça, je peux compter sur l'aide de Julie, la compagne de Philippe, qui, comme Baloo, arrive à s'excuser quand elle n'arrive pas à faire quelque chose, alors même qu'elle ne s'est non  seulement pas engager à le faire, mais elle ne vous en a même pas encore parlé : "désolé, j'avais prévu de faire... pour toi mais je n'ai pas eu le temps." adorable! Je n'ai pas eu le temps de lire mes guides de voyages tellement j'avais d'info par mail et de sites internet à lire :-)
En plus de ça, je suis à la recherche d'info, de petites annonces pour être prêt pour le retour de Philippe, le 6 janvier. Mais je n'ai rien trouvé de génial. Après les fêtes peut être...

Eh oui, car pour ceux qui n'aurait pas suivi mon micro blog, si j'arrète l'autostop pour quelques mois, c'est que je troque ce moyen de transport contre une petite moto, une sorte d'hybride entre la vraie moto et le scooter, une Honda Wave 125cc. C'est Philippe qui m'a proposé cette idée de faire un trip à deux en Asie du Sud Est en moto. J'ai été séduit et nous préparons le coup depuis l'époque de la Mongolie...

DSCN6752Le vendredi 21 décembre, je vais à la gare Sentrale (avec un S) de KL pour retrouver les parents. Que c'est bon de les revoir, quelle joie!
J'ai passé de très bonnes vacances, deus semaines à voyager, à profiter des paysages sans se soucier d'où dormir, de quoi manger, de comment se déplacer, bref voyager sans dépendre d'autrui, juste faire ensemble ce qu'on a envie de faire.
Je vous invite à lire l'article que ma mère prévois d'écrire sur son blog. Je vous invite d'ailleurs à souhaiter la bienvenue à notre nouvelle blogeuse, Mamisa, qui se propose de vous raconter ses histoires qui se passent dans un pays exotique [bien que moins lointain que la Malaisie] : www.mamisaraconte.net .

DSCN6795Après ces deux semaines de vacances, je retrouve ma chambre dans l'appartement de Baloo. Je la lui loue pour 100R (25€) pour le mois.
En attendant Philippe qui arrive le 8 janvier, je visite Bathu Cave avec Annie, Tim, un jeune CSer hollandais qui revenait de 5 mois de stage en Indonésie, guidé par Syazlin, étudiante à KL, originaire de Singapour.
Quand Philippe arrive, nous avons besoin de temps pour nous préparer. Finalement, il ne partira pas avec sa Keeway, une vrai moto 200c mais il partira avec la même moto que moi. Nous achetons donc deux Honda Wave 125cc d'occasion à AHM motorsports pour 6500R (1600€). C'est un gros investissement pour moi, bien plus que prévu car sur internet, les gens parlent souvent d'acheter au vietnam pour 300€ (pas 800) mais personne ne parle de la Malaisie. Mais ici, l'occasion ne décote pas beaucoup et reste donc très cher. Chose étrange aussi, ils ne se fient qu'à l'année de production, pas au km... donc si on les revend en bonne condition dans 4 mois, on ne devrait presque rien perdre dessus. L'essence ne coûtant même pas 2 R/l (50c€), et la moto ne consommant que 2l/100km, j'en ai pour moins d'1€ au 100km.
On achète aussi des hamacs (avec moustiquaire) pour dormir dans la jungle, des baches, des cordes...

P1291409 PhilippeEt puis finalement arrive le 22 janvier, le jour ou nous allons chercher Cécile à KL Sentral. Vous vous souvenez, la jolie jeune savoyarde qui s'était joint à mon groupe d'excursion sur la grande muraille par l'entremise de Laura (la jolie jeune Chinoise). Elle étudiait le mandarin à Pékin ce dernier semestre et elle m'a contacté pour savoir si elle pouvait me rejoindre en janvier/février pour voyager en Asie du Sud Est avant de repartir pour l'Europe. Philippe a été d'accord et c'est donc a trois que nous visitons la Malaisie en moto, bonne manière de tester le concept des motos pendant 3 semaines en le poussant un peu dans ses retranchements avant de partir pour 4-5 mois. Trois sur deux petites brêles, ça veut dire partir léger (pas de superflux, pas d'ordi, donc pas de passage dans les écoles...).

Si vous voulez plus de photos de mon trajet entre le Laos et Kuala Lumpur, c'est par ici. Pour les photos de Kuala Lumpur même, par ici.


Commentaires   

+1 # nathalie 03-03-2013 20:22
kikou bonne initiative pour la moto quoique la papamobile est encore disponible lol biz et bravo a ceux qui t accueillent good road nath draguignan
# Yogo 16-03-2013 15:46
@Nathalie : merci nath de me suivre et de m'écrire régulièrement. Ca me fait toujours plaisir de recevoir des petits mots. La moto s'avère une bonne idée et un autre bon moyen de vivre des aventures, voir les prochains articles. Biz.