En route pour l'Asie du Sud Est

Sawadi Clop : Bonjour en Thaï, nous sommes le lundi 18 mars et je suis à Phuket, en Thaïlande.
La dernière fois que nous discutions, j'étais à Kuala Lumpur et je venais d'obtenir mon permis de visite de deux mois en Thaîlande.
Après quelques déboires mécaniques, en rien lié à mon accident mais plutôt parce que le vendeur s'est avéré être un escroc maquilleur, nous avons quitté cette mégalopole asiatique le 23 février.

Direction Ipoh, où nous attend notre ami Suhaimi, et sa grande générosité.
Il nous accueille chez lui avec le même naturel que la première fois. Tout de suite, chez lui, on se sent chez soi.
Nous y restons pendant une semaine, temps que nous emploierons à visiter les alentours et organiser un échange avec des écoliers.

Nous visitons Taiping (ville de paix littéralement) qui offre un jolie musée, et Kuala Kangsar qui possède le plus vieil arbre à caouthouc de Malaisie, c'est surtout la ville du sultan de l'état de Perak, avec son palais, et une majestueuse mosquée.

Après les refus essuyés à KL, je n'ai pas envie de retenter les écoles publiques. Suhaimi connait une école religieuse (musulmane), à côté de chez lui. Je vais donc rencontrer le directeur et la professeur d'anglais de cette école en sa compagnie. Nous sommes chaleureusement accueillis et bien sûr je suis le bienvenu pour venir dès le lendemain exposer mes aventures et mon projet de dessins. Le même jour, Suhaimi m'emmène voir le responsable local pour le ministère de l'éducation. Il me faut soummettre un dossier qui sera étudié sous trois mois, en précisant bien dans quelles(s) école(s) je souhaite intervenir à Ipoh... mais oui, bien sûr, ça devrait être encore plus difficile d'accès une école, un peu plus sécurisé... pourquoi pas une prison, non?
Heureusement, Suhaimi se propose de s'occuper de tout cela pendant que je serais dans les autres pays d'Asie du Sud Est, pour me permettre d'intervenir dans au moins une école publique en Malaisie.

Le lendemain, à l'école coranique, je présente mon voyage, à travers le monde en essayant de faire passer quelques messages qui me semblent important sur les Hommes et la nature auprès de plus de 80 gamins attentifs et disciplinés. Pour la première fois, Philippe m'accompagne et j'ai des photos et vidéos sympas. Je n'ai pas souvent besoin de m'interrompre pour des problèmes de traductions. Ils sont jeunes, mais, si il ne le parlent pas avec aisance, ils semblent très bien comprendre l'anglais.
Dans la cours, nous sommes l'objet de curiosité et tous les enfants nous saluent de loin ou bien viennent nous serrer la main.
Nous sommes invités à déjeuner sur place.
Plus tard dans la semaine, nous revenons effectuer l'échange de dessins avec ceux qui ont désiré participer au relais (environ 70). Nous avons alors l'honneur d'être accueilli en musique et invité à assister à une petite représentation musicale. Magique! J'étais très ému et quand on m'a demandé de reprendre le micro, je n'étais pas aussi sûr de moi que le jour précédent, j'étais intimidé. Et pour la première fois, c'est l'ensemble des enfants qui nous demandent un autographe, une nuée d'enfant m'entoure.
Nous avons été diplomé par l'école pour notre projet de tour du monde des écoles. Merci les enfants pour votre joie et vos sourires communicatifs, merci madame la professeur d'anglais pour avoir facilité cette rencontre et merci à Suhaimi et le directeur pour l'avoir rendu possible.

Notre passage à Ipoh fut placé sous le signe de la musique car avant la performance des enfants, nous avons aussi assisté à une répétition des étudiants de Suhaimi pour la soirée anglaise. C'est ainsi que les étudiants volontaires nous ont exposé ce qu'ils prévoyaient de chanter pour les Chinois, de danser pour les Indiens et de jouer comme instrument pour les Malais. Le tout coordonné et harmonisé par la jeune et jolie Lala, étudiante du campus, qui maîtrise l'anglais et possède une très belle voix.

Après Ipoh, le premier mars, nous prenons la direction de la mer, que nous ne cesserons plus de longer jusqu'à aujourd'hui, à Phuket. D'abord, j'emmène Philippe visiter Penang où j'avais terminé mon voyage avec mes parents. Nous sommes très gentilment hébergés par mon ami Vincs, vous vous souvenez, le Chinois, ex chanteur pop, critique de cuisine qui m'avait pris en stop à Penang pour m'emmener à KL. Arrêt gastronomique s'il en est! Il nous emmène pour chaque repas dans un endroit différent goûter à de nouvelles saveurs et lorsque nous partons faire un tour sur l'ile, on emmène précieusement ses conseils pour ne pas rater telle ou telle guinguette.
On visite le vieux Georgetown, et je refais un fish spa, c'est à dire que des petits poissons viennent vous manger les peaux mortes et vous faire des guilis. On visite aussi quelques temples sur l'île.
Mais surtout, je me souviendrai longtemps de notre excursion à la criée muette, où chaque acheteur vient susurer le prix qui lui convient à l'oreille du vendeur qui selectionne alors le meilleur prix. La transaction s'effectue alors en silence et personne n'est déçu. Nous rentrons à la maison avec 10kg de poisson pour 10MR (1,5€).
Ce jour là, sur le retour, nous sommes invités, ou plutôt nous nous invitons, car, par défaut, tout le monde est invité, à célébrer le mariage d'un nouveau couple. De la musique et un déjeuner en attendant les mariés. Quand ils arrivent, nous allons les saluer et leur souhaiter tous nos voeux. Vive les mariés!

Le 5 mars, journée un peu effrénée, Philippe fait réparer sa moto, puis on roule jusqu'à Kuala Kedah, où on apprend que nous ne pouvons pas aller sur l'ile de Langkawi avec nos pépètes. Elles n'ont pas le droit de prendre le ferry, et par cargo, cela prend trois jours. On fonce donc à Kuala Perlis, embarcadère plus proche de la Thaïlande, et aussi de l'ile, la traversée est donc plus courte et donc moins cher, pour prendre le dernier ferry, à 19h. On cadenasse nos motos, les laissons à un petit gredin honnête qui s'approprie le domaine publique pour en faire un parking privé de motos (seul endroit viable pour les garer) mais qui accepte de garder nos casques chez lui gratuitement, et on prend le ferry. Sur l'ile, de nuit, on arrive à faire un peu d'autostop mais pas entièrement jusqu'à l'hôtel. On prend un taxi pour arriver à 22h au dortoir. Comme ce n'est pas cher ici, une petite bière sur la plage (il n'y a pas de taxe à Langkawi, le paquet de 340g de MMS est à moins de 4€) et au lit.

Le lendemain, j'aide Philippe à trouver un hôtel pour lui et sa douce. Julie vient le rejoindre pour 3 nuits, avant que nous ne quittions le territoire malaisien. Moi, je repars en autostop pour la ville de l'île, Kuah. Je me rends chez Ray, ou plutôt, dans son école d'hôtellerie. Ray a un projet extra. Il est en train de reconvertir son école de langue en école d'hôtellerie donc, et il souhaite utiliser couchsurfing pour avoir des "faux clients" pour rendre vivant son "faux hôtel". Il permet ainsi à ses élèves de pratiquer l'anglais et leur capacité de guide touristique aussi. Je suis l'un des premier. Il n'y a donc pas encore de lit en dur (un fin matelat par terre montre l'emplacement), mais on me fournit draps et serviette.
Ray a une vie passionante à raconter. Il a travaillé en Amérique du Sud et aussi très longtemps en Afrique, nottament au Congo, pendant la guerre.

Le dimanche 10 mars, nous passons la frontière de Wang Tangga pour entrer en Thaïlande. Cette frontière est originale le dimanche car un immense marché y a lieu et il est possible de s'y rendre, sans visa. Pour nous, l'affaire est différente, on veut faire tamponner notre visa et on veut être en ordre en ce qui concerne les motos. Il s'avère que c'est extrèmement facile. Ils traduisent notre document prouvant que nous sommes bien les propriétaires des motos, et en avant. Seul hic... l'assurance? Pour sûr l'assurance malaisienne ne nous couvre pas sur le territoire Thailndais. A ce poste frontière, pas d'agence d'assurance. On décide donc de prendre le risque et de voir ça à la prochaine grande ville.
C'est ainsi qu'après une nuit du côté de Yong Sata, dans nos hammacs, on passe 24h à Trang. Ce jour là, alors qu'on était fin prêt à 9h30, impossible de déverrouiller mon cadenas. On décolle à 11h après avoir trouvé une disqueuse pour le scier...
On profite des prix Thaï pour mettre à jour nos motos dans des concessionaires Honda (remplacement du liquide de fourche, et du filtre à air, et pour moi, un nouveau kit chaine, et un nouveau pneu arrière).

Tout ça grace à l'aide infinie de deux jeunes auxiliaires de la police du tourisme thai, Tae pour les réparations de motos et Kook qui nous a dégotté une assurance pour nos motos, alors que nous venions d' échouer deux fois. C'est d'ailleurs en cherchant une assurance que nous avons atterri dans une station de bus (ne me demandez pas pourquoi les gens nous ont envoyé là-bas), où j'ai vu ce grand panneau "Tourism Police, your best friend". Après 1min et 20s à expliquer ma situation, Kook m'invitait à dormir ici avec son frère Tae (façon de parler très Thaï) et d'arréter de m'inquiéter pour cette situation, ils se proposaient de nous aider.

C'est ainsi que le 12 mars, on quitte Trang, fin prêt à voyager en Thaïlande.
D'abord, direction une île vendue en France pour son aspect sauvage et isolé, par un programme TV très populaire... Koh Lanta!