Je suis dans un petit bar, près de la gare. Les gens viennent là pour manger, moi j'y attends mon train et j'ai trouvé de l'électricité. Je m'attable enfin devant mon ordi pour écrire ce premier article sur la Mongolie. J'ai beaucoup de mal à le démarrer car j'ai déjà tant à raconter, et pourtant je pars inassouvi de ce pays...
Un jour que nous étions petit, mon frère s'est écrié "C'est nul, il n'y a plus de terrains d'aventure, il n'y a plus de zones vierges, on ne peut plus être explorateur!". Je ne me souviens plus de ce qu'avait répondu ma mère, à moins que ce ne fut mon père, mais je me souviens que cela m'avait laissé perplexe. C'était d'autant plus surprenant de la part de mon frère qui est doué de bien plus d'imagination que moi. Aujourd'hui, il est d'ailleurs à la recherche des mystères marrins, lieux ô combien inexplorés...
Etant finalement seul pour découvrir la Mongolie et pas vraiment préparé, c'est avec un esprit d'explorateur que j'ai décidé d'y pénétrer. Je vous propose de voir ensemble ce que je savais de la Mongolie au moment d'y entrer (je force un peu les traits :-).
C'est à la fois pas beaucoup et en même temps un peu trop... mais n'ayant rien planifié, ça sentait un peu l'aventure et j'étais très excité au moment de passer la frontière!
Il y a du bruit toute la nuit dans cet hôtel de passage mais rien qui empèche vraiment un voyageur fatigué de dormir. Et c'est bien là un problème.
Quand je me lève à 7h, le lac est toujours là, superbe, éclairé par le soleil levant. Que nenni! il y a bien le lac mais le soleil n'est pas là et ce n'est pas le seul absent. Les camions ne sont plus là non plus. Que s'est il passé? Les chauffeurs trop imbibés de vodka m'auraient ils oublié? Ou bien sciement laissé ici pour une raison ou une autre?
Peu importe, ce qui est sûr, c'est que je suis seul, au milieu de quelque part, sous un ciel d'orage bien menaçant (la photo est de la veille au soir, je n'en ai pas sous l'orage) et que je n'ai que deux options, rester à l'hôtel à attendre ou m'en aller.
Attendre quoi? que ce soir viennent dormir d'autres gens??? Non. Et puis je ne pourrai même pas profiter du lac. Je pars donc d'un pas pressé sous les nuages. Il faut éviter autant que possible que les voitures qui me doubleront croient que j'ai les moyens de dormir à l'hôtel. J'en ai bien les moyens, la preuve je l'ai fait, mais ce ne sont pas des moyens pécuniers, et ça, je ne sais pas comment l'expliquer en mongol.
Hier soir, je mangeais des petits gateaux avec des amis. Le clair de lune était superbe, ellle était pleine, bien ronde!
Et je pensais à cet étrange itinéraire que je suis amené à suivre en Chine. Qui en trouvera la raison?
De façon tout à fait logique, à la frontière mongole, je me suis dirigé vers Beijing. Puis, encore dans la logique du SUD, je suis allé à Shangghai, non sans profiter d'un arrêt au mont Tai Shan.
C'est ensuite que les choses deviennent étranges. Je vais d'abord aller à Xiahe (voir un ami d'amis), avant d'aller à Xi'an puis Chengdu.
Cela ne fait même pas 48h que je suis arrivé à OB, mais je suis déjà content de sortir de cette horrible cité, tant polluée. D'autant que c'est pour devenir volontaire dans un ranch pendant une dizaine de jour. Contre quelques coups de mains, et quelques cours de langues, je serai hébergé, nourri, je passerai du temps au grand air et pourrai monter à cheval. J'ai rendez-vous à 10h devant le BHV de Mongolie. J'y rencontre des touristes qui vont à stepperiders pour quelques temps. Beaucoup sont arrivés à OB en voiture avec le rally "caritatif" qui a lieu chaque année entre Londres et OB. Il y a deux Anglais, trois Argentins qui viennent passer une demi-journée et un Australien, Jack, qui souhaite rester quelques jours.
Au petit matin, je suis réveillé par l'agitation qui règne dans le wagon, une sorte de branle bas de combat pour se préparer... une heure et demie avant l'arrivée (il est 6h00).
En descendant du train, je suis la foule qui se dirige vers les bus. Puis je suis les bus pour trouver la direction de la frontière. Un petit km à pied et j'arrive devant le premier no man's land. J'essaye de passer mais bien sûr, on me demande de rester là. Armé de mon bâton et de mon document magique, j'intrigue tous les douaniers qui me laissent faire l'autostop juste devant la barrière. Une jeune femme m'emmène jusqu'au bureau de sortie du territoire mongole, elle y travaille. Un nouveau tampon avant de devoir traverser le deuxième no man's land. Là, le douanier n'est pas très sympa et ne veut rien entendre. Sauf qu'il ne me connait pas, et moi, j'ai décidé que je franchirai la frontière, si ce n'est à pied (je ne veux pas me faire tirer dans le dos), tout du moins en stop. Je reste et fait mine de ne rien comprendre, "je suis Français, moi pas comprendre anglais" (son anglais est passablement incompréhensible de toute façon). Sa collègue en revanche est gentille et sans rien dire à personne, m'aide. Elle m'a trouvé un bus qui accepte de me faire traverser. Je ne suis pas le seul à être "en plus"... On est tassé, entassé, compressé, de telle manière que je ne peux même pas m'accroupir lorsque le chauffeur le demande. Tel des clandestins, on ne doit pas se faire voir des douaniers.
Un tampon pour signaler ma deuxième entrée en Chine et je sors de la douane. Je tombe alors sur un policier, Jim, qui parle un très bon anglais et adore rencontrer des étrangers. Il m'explique où je peux échanger mes derniers Tugrik contre des Yuans et me propose de m'avancer de 3km. C'est donc dans une voiture de police que je fais mon entrée en Chine, il sera mon premier conducteur.
Une fois l'échange fait, je sors de la ville non sans avoir fait le plein d'eau. 800 km me sépare de Pékin. Nous sommes samedi midi et je prévois d'y arriver lundi soir ou mardi dans la journée. La route est vide, il n'y a personne, mais elle n'en est pas moins une 2 fois 2 voies.
Malgré tout, je n'attends pas bien longtemps avant d'être pris par deux jeunes chinoises, d'origine mongole, qui se rende à Beijing!
Beijing, Pékin... ma destination pour dans deux jours, me voila dès ce soir!
Trois jours!
Trois jours, c'est le temps dont je dispose pour arriver à Shanghai. Facile me direz vous, même pas 500 km par jour.
Oui mais, j'ai envie de m'offrir une petite escapade dans la nature, j'ai envie de grimper le Mont Tai. Il m'a été vivement conseillé pour son environnement exceptionnel. C'est aussi une montagne pleine d'histoire puisque tous les empereurs de Chine l'ont gravi. La plus vénérée des cinq montagnes sacrées de la Chine (du nord :-), offre parait il un lever de soleil magnifique. Selon une légende Confucianiste (le mont Tai est au coeur du pays de Confucius), si on grimpe jusqu'au sommet du Tai Shan, on s'assure de vivre jusqu'à 100 ans.
Trois jours moins un demi puisque j'ai passé la dernière matiné à Pékin pour finir le deuxième article sur la Mongolie. Ce n'est donc qu'à 15h que je commence le stop sur l'autoroute du sud est à la sortie de Beijing. Tout de suite je suis pris en stop par deux amis hans qui m'emmènent pour quelques kms. Ils ne me laissent pas comme ça, ils s'assurent que j'ai un deuxième véhicule. Ce fut un camion... lent. Puis, lui aussi n'allant pas bien loin, je le troc contre une nouvelle voiture. Pas de chance aujourd'hui, elle me déposera à seulement 140 km de Pékin à 19h, quand la nuit tombe. N'arrivant pas à me résoudre à une si petite distance, j'insiste, mais rien à faire, le stop de nuit sur l'autoroute, c'est trop dangereux et puis ça ne marche pas. Bracelet réfléchissant, signal lumineux avec ma lampe... rien.
Je me résigne donc à sortir de l'autoroute pour aller dormir et je me fais la promesse de ne plus remettre ce couvert là.Un trou dans le grillage, des fermes au loin, j'avance confiant, prêt à montrer mon doc magique. Sauf que je suis en Chine... et le doc magique, ils ne veulent même pas le lire. Ils me renvoient d'où je viens sans se soucier de ma nuit... Ce sera donc une nuit à la belle, forcée. Le ciel est gris comme tous les jours depuis que je suis arrivé à Beijing (sauf pendant le trek de la grande muraille) mais comme tous les jours, heureusement, il ne pleut pas.
Réveil très tôt, je suis de nouveau en poste pour tendre le pouce, là où je clignotais la veille au soir, à 7h du mat. Ce matin, j'ai beaucoup plus de chance, en 2 voitures, je rattrape mon retard (400km). Me voila devant la gare de Tai'an, à midi, après avoir déposé mon gros sac en consigne, prêt pour l'ascension du mont Tai.
Après avoir récupéré mon sésame, je sors de la ville grâce au terminus d'une ligne de métro et une faille dans les barrières qui longent le bon autoroute.
Je commence ainsi ma grande traversée de la Chine un peu tard, à 14h. Tout de suite, je trouve un camion, arrété le long de la bande d'arrêt (en Chine, elle n'est pas que pour les urgences je peux l'assurer :-), qui m'emmène à Suzhou. C'est proche mais il faut un début à tout!
Encore une folle journée de route! Levé de bon matin, je commence le stop à 10h avec un camionneur qui me descend jusqu'à l'axe routier principal. Ensuite un Han m'emmène jusqu'à Linxia, ville d'où démarre l'autoroute. Je décide de ne pas reprendre l'autoroute qui va directement à Xi'an puisque je sais désormais qu'il est en construction sur une bonne partie et donc peu praticable. Un détour par Lanzhou ne rallonge pas tant que ça en terme de kilométrage en plus.
A l'entrée de l'autouroute, après avoir séduit les policiers, ces derniers me trouvent un conducteur qui va directement à Lanzhou. Ce monsieur ne parle pas l'anglais mais il comprend que Lanzhou n'est pas ma destination. Malheureusement, de part la réalité du terrain cette autoroute ne peut être lié à celui de Xi'an, il faut traverser la ville. Et merde!
Heureusement, mon conducteur ne m'abandonne pas. Comme il ne comprend pas exactement ce que je veux, il m'emmène avec lui à la mosquée. Et oui, il est musulman, Lanzhou n'est pas si loin du Xinjiang. Là, son fils qui parle parfaitement l'anglais me dit qu'ils veulent m'aider et m'emmèneront à l'entrée de l'autoroute mais après la prière du midi. Ils sont adorables!